<169>changer en partie. Il fut résolu qu'on assemblerait un gros corps à Cosel, soit pour se joindre en Hongrie aux Tartares, au cas qu'ils y vinssent encore, soit pour inquiéter les frontières de la Moravie, et obliger le maréchal Daun d'y envoyer de gros détachements. C'était là le point essentiel pour le but qu'on se proposait, parce que, avec quatre-vingt mille hommes, le maréchal Daun pouvait si exactement garnir ses montagnes et le poste de Kunzendorf, qu'il aurait été de toute impossibilité de l'attaquer ou de le tourner. Il avait actuellement soixante-dix mille hommes sous ses ordres, distribués de la sorte : dix mille en garnison à Schweidnitz, et huit mille destinés à garnir les gorges de Silberberg et de Wartha. Il s'agissait donc de l'affaiblir encore de quinze mille hommes, pour aller à jeu sûr, et pour se trouver en état de tourner tous les postes qu'il pouvait prendre dans les montagnes, et par conséquent de faire une campagne heureuse et brillante.
L'armée du Roi montait à soixante-six mille combattants; M. de Czernichew lui amenait vingt mille Russes : ainsi il pouvait détacher vingt mille hommes en Haute-Silésie, et il demeurait encore supérieur aux Impériaux. Toutes les manœuvres que le Roi projetait pour cette campagne, étaient calculées à tourner les ennemis dans leurs positions, et sa plus grande attention se portait à leur en dérober la connaissance. Comme cela était aussi essentiel qu'important, on fortifia les détachements de la cavalerie, pour leur donner de la supériorité sur celle des Autrichiens, et pour leur procurer le moyen, en les battant souvent, de les intimider, de les empêcher d'aller à la découverte et de s'aventurer au delà de leurs grand'gardes.
Ce fut le 12 de maia que le maréchal Daun arriva en Silésie. Il eut à peine pris le commandement de l'armée, qu'il la fit camper; il appuya sa droite sur la montagne de Zobten; sa ligne tirait vers Do-manze, et il posta M. d'Ellrichshausen au Pitschenberg, où il faisait la clôture de la gauche. Le Roi, ne jugeant pas à propos de faire camper son armée vis-à-vis de l'ennemi, resserra les cantonnements de ses troupes aux deux bords de la Lohe, et établit le quartier général à Bettlern; avec cela, douze bataillons et vingt escadrons occupaient les retranchements de
a Le maréchal Daun arriva à Schweidnitz le 9 mai.