<170>Breslau. M. de Reitzenstein fut détaché avec quinze cents chevaux à Neumarkt, pour couvrir le chemin de Glogau, et pour observer les côtés de Striegau et de Jauer. Le corps de Canth, sous M. de Lossow, fut fortifié de manière que, outre mille volontaires de Courbière, il montait à cinq mille quatre cents chevaux. Le corps de MM. de Lentulus et de Prittwitz, qui campait sur l'Ohlau, non loin de Borau, faisait quatre mille cinq cents chevaux et mille volontaires.
Cette position de l'armée du Roi peut paraître hasardeuse à quiconque ne l'examine que superficiellement : mais elle ne l'était pas en effet; car ces gros détachements de cavalerie avancés vers l'ennemi formaient comme une espèce de circonvallation autour de l'armée impériale, dont les postes des Prussiens étaient si proches, qu'aucun de leurs mouvements ne pouvait échapper à la connaissance du Roi. D'ailleurs, le maréchal Daun avait deux marches à faire pour arriver à la Lohe, et le Roi n'avait besoin que de six heures pour rassembler son armée. Et quel projet les Autrichiens pouvaient-ils former? quelle attaque pouvaient-ils méditer? Il n'y avait point de position de prise : il était libre au Roi de former son armée en deçà ou au delà de la Lobe, et il serait tombé à l'improviste sur le corps des ennemis, pour les charger au moment qu'ils s'y seraient le moins attendus. Il faut ajouter à ce que nous venons de dire, que les Autrichiens craignaient la plaine : ils savaient que s'ils risquaient d'y descendre, le retour aux montagnes pourrait leur devenir difficile; de sorte qu'effectivement l'armée prussienne était commodément et en sûreté.
Ce fut durant ces cantonnements que M. de Schwerin retourna de Pétersbourg avec les traités de paix et d'alliance conclus avec la Russie. La paix fut solennellement proclamée, et l'on ne fit point mystère de l'alliance aux Autrichiens. Cependant le Roi retarda les opérations de la grande armée jusqu'à l'arrivée de M. de Czernichew. Cela ne l'empêcha pas de faire d'avance filer des troupes vers la Haute-Silésie. Déjà M. de Werner se trouvait à Cosel avec environ dix mille hommes; il était instruit du projet qu'on avait d'attirer les forces de l'armée impériale dans la Haute-Silésie pour donner de la jalousie à l'ennemi et lui causer des inquiétudes; il s'approcha de Ratibor, d'où il poussa M. de Hordt