<185>Zieten suivit immédiatement l'ennemi, et occupa les hauteurs de Kunzendorf et de Fürstenstein. Le corps que le Roi avait mené dans les montagnes, le joignit, et se posta de Seitendorf à Bögendorf, dans le même camp que le maréchal Daun avait occupé en l'année 1760. Des détachements occupèrent les défilés de Waldenbourg et de Gottesberg, et M. de Manteuffel prit poste avec six mille hommes sur le plateau de Hohengiersdorf, au pied duquel, du côté de la vallée de Schweidnitz, on campa M. de Knobloch avec sa brigade. Pour M. de Wied, qui poursuivait sa marche, il rencontra le corps de Brentano à Friedland; il l'accueillit par une vive canonnade, après laquelle M. de Reitzenstein attaqua l'ennemi. Les dragons de Fincka eurent dans cette occasion l'honneur de battre trois régiments de cuirassiers impériaux, sur lesquels ils firent cent quatre-vingts prisonniers. Brentano se sauva en Bohême, et se posta entre Dittersbach et Hauptmannsdorf, dans un camp que l'ennemi avait fait fortifier d'avance pour assurer le dépôt de ses vivres.

M. de Wied fut renforcé le lendemain par quatre bataillons et trois régiments de cavalerie; mais quand même l'armée entière serait marchée contre Braunau, elle n'aurait rien pu y entreprendre, parce que ces gorges de rochers sont intraitables, qu'on les défend avec peu de monde, et qu'on ne saurait les tourner. Le maréchal Daun y avait envoyé de Wartha M. de Hadik avec dix mille hommes de secours. Puisque ces montagnes, que l'ennemi tenait, le mettaient hors d'atteinte, M. de Wied dirigea sa marche sur Trautenau; de là il lâcha en Bohême tous ses Cosaques, soutenus de quelques dragons. Ces barbares se répandirent dans tout ce royaume, y semant l'épouvante. Dès le second jour de leur entrée, une de leurs troupes se présenta aux portes de Prague. La terreur que leur présence inspira, fut si terrible, que M. de Serbelloni fut sur le point de quitter la Saxe avec son armée, pour s'opposer en personne aux désordres que les Cosaques commettaient. Il est vrai que leurs procédés étaient cruels : ils


a Le comte Finck de Finckenstein, mort lieutenant-général en 1786, fut nommé en 1754 général-major et chef de ce régiment de dragons, no 10. Voyez, ci-dessus, p. 50 et 104.