<186>saccageaient, pillaient, brûlaient les lieux qu'ils trouvaient sur leur passage.

Cette irruption n'aurait pas été infructueuse, si on avait pu la prolonger. Mais, d'une part, ces troupes indisciplinables ne s'occupaient qu'à faire du butin et à le mettre en sûreté; d'où il arrivait que, revenant par bandes, sans ordre de leur conducteur, elles sauvaient leur capture pour la vendre en Pologne, de sorte qu'au bout de huit jours la Bohême se vit délivrée sans coup férir de cette engeance détestable. On aurait pu les employer à une seconde incursion, si, d'autre part, les affaires n'avaient subitement changé de face. M. de Wied, qui couvrit leur retraite, assurait en même temps sa communication avec la grande armée. Ses détachements, distribués par échelons, gardaient les gorges des montagnes. M. de Gabelentz gardait derrière lui le défilé de Schatzlar; le prince de Bernbourg,a plus proche de l'armée, gardait celui de Liebau, d'où il communiquait à Conradswaldau avec M. de Salenmon,b qui y tenait un poste intermédiaire. Tous ces détachements avaient d'autant moins à craindre de la part des ennemis, que l'appréhension de perdre le magasin de Braunau absorbait leur attention au point que, pour plus de sûreté, ils le faisaient transporter à Scharfeneck dans le comté de Glatz.

Nous venons de voir que cette diversion des Cosaques en Bohème ne produisit aucun effet réel; il n'y avait plus de projets à former sur le magasin de Braunau, que les Impériaux transportaient ailleurs, de sorte que toute la gauche de l'ennemi ne présentait plus de champ fécond en expéditions. Comme l'objet principal de cette campagne était de reprendre Schweidnitz, le Roi se proposa d'agir sur la droite des Autrichiens, et de déposter les détachements qu'ils avaient à Bur-kersdorf et à Leutmannsdorf, pour leur couper toute communication avec Schweidnitz. Ce projet, qui avait tous les degrés de probabilité suffisants pour paraître immanquable, devint, le lendemain, incertain et presque


a François-Adolphe prince d'Anhalt-Bernbourg, né en 1724, devint, le 24 février 1759, général-major et chef du régiment d'infanterie no 3. Voyez ci-dessus, p. 62 et 70.

b Constantin-Nathanaël de Salenmon, lieutenant-colonel et chef d'un bataillon franc depuis le 30 janvier 1758, devint général-major le 5 mars 1760, sans avoir passé par le grade de colonel. Voyez ci-dessus, p. 88.