<192>de le différer de trois jours; à quoi ce général se prêta de bonne grâce.
Ces trois jours étaient précieux; il fallait les mettre à profit pour frapper quelque coup décisif. La présence des Russes en imposait aux Autrichiens, et ils ignoraient encore la révolution qui venait d'arriver; il fallait reprendre Schweidnitz, ou se résoudre à prendre des quartiers le long de l'Oder, comme l'année passée. Si cette campagne s'écoulait infructueusement, les efforts qu'on venait de faire pour reconquérir la moitié de la Silésie, se trouvaient perdus, et les apparences de la paix s'évanouissaient entièrement. Ces raisons déterminèrent le Roi de donner quelque chose au hasard, et d'agir avec plus de témérité et d'audace qu'il n'aurait fait dans des conjonctures plus favorables.
L'entreprise que les Prussiens pouvaient former, roulait sur l'attaque de deux postes redoutables et difficiles. Celui de Burkersdorf défend la gorge qui, par les montagnes, vient de Königsberg et verse à Ohmsdorf à la plaine. Des deux côtés de ce défilé s'élèvent des monts âpres et escarpés, fortifiés par des redoutes casematées, palissadées, et entourées d'abatis; trois des plus voisines de Hohengiersdorf communiquaient par un retranchement qui les joignait; de là reprenait un autre retranchement, qui fermait le fond de la gorge, et allait, en remontant, aboutir au sommet d'une montagne située du côté de Leutmannsdorf. M. d'Okelly défendait ces ouvrages avec quatre mille hommes. Le poste de Leutmannsdorf, quoique moins fortifié par l'art, présente un front de difficile abord, plein et entrecoupé de ravins et de chemins creux, et fournissant tous les obstacles que la nature brute peut produire dans un terrain pour sa défense. Ce poste était également défendu par quatre mille Autrichiens.
Pour mettre l'armée en état d'attaquer ces postes, il fallut faire premièrement un revirement de toutes les troupes. M. de Gabelentz prit le camp de Trautliebersdorf, pour masquer le départ de la Bohême de M. de Wied. M. de Möllendorff quitta le camp de Seitendorf, et suivit la route de M. de Wied. Tous deux descendirent des montagnes dans la plaine à Freybourg; ils firent le tour de Schweidnitz, qui était bloqué par la cavalerie du Roi. M. de Wied se rendit de nuit à Faulbrück, où il cantonna ses