<194>en tournant la position de Burkersdorf, devait nécessairement prêter le flanc aux Autrichiens postés à Leutmannsdorf, et que, si M. de Wied avait le malheur d'être repoussé, le corps de M. de Möllendorff serait exposé à être ruiné entièrement.
La nuit du 20 au 21, M. de Möllendorff s'empara du château d'Ohmsdorf, où il fit prisonniers cinquante soldats ennemis. On avait besoin de ce château pour s'approcher de plus près du pied des montagnes, où l'on ouvrit le soir même la tranchée; on y construisit des batteries pour quarante obusiers et pour douze canons de douze livres. Les obusiers devaient servir à bombarder les redoutes, et les canons, à enfiler la gorge par laquelle M. d'Okelly aurait pu recevoir des secours de l'armée impériale. Ce général se croyait dans un poste inattaquable; il était dans la plus grande sécurité : il n'attribua les mouvements des Prussiens qu'au dessein d'assiéger Schweidnitz, et il envisageait toutes leurs démarches comme des préparatifs à cette entreprise.
Le 21, dès la pointe du jour, M. de Wied se logea sur un monticule vis-à-vis et proche du poste de Leutmannsdorf; il y établit une batterie de trente grosses pièces de canon, soutenue par une ligne de quatorze bataillons. Sous la protection de ce feu, M. de Lottuma avec sa brigade se glissa par la droite dans un chemin creux qui le menait à dos de l'ennemi. Ce mouvement fut secondé par une manœuvre semblable qui se fit à la gauche. Le prince de Bernbourg couvrit sa marche de ravins et de broussailles, et se porta sur le flanc droit des Impériaux. L'ennemi, pris à dos et en flanc par les Prussiens, ne leur opposa qu'une faible résistance; M. de Wied s'avança en même temps sur leur front, et le retranchement fut emporté du premier coup de collier. Les vainqueurs poussèrent de là les vaincus tout de suite jusqu'à Heinrichau, Heidelberg et Hausdorf. Brentano, que le maréchal Daun avait cependant envoyé au secours de ce poste, malgré toutes les jalousies qu'on lui avait données, Brentano, dis-je, ar-
a Frédéric-Guillaume comte de Wylich et Lottum, né en 1716, major en 1767, lieutenant-colonel et colonel en 1758, fut nommé général-major par brevet du 2 juillet 1762, à cause de la bravoure qu'il avait déployée en emportant d'assaut les hauteurs de Leutmannsdorf. Il mourut en 1774, général-major et commandant de Berlin.