<197>premiers ingénieurs de l'Europe. La diversion dont on s'était flatté de la part du Tartare, n'était plus à espérer. Le kan de la Crimée se promenait à la vérité avec cinq ou six mille hommes sur les frontières de la Pologne; mais tant de changements subits arrivés en Russie avaient tellement désorienté Tartares et Turcs, qu'ils ne pouvaient pas se décider sur le parti qu'ils avaient à prendre. Ces motifs achevèrent de déterminer le Roi à rappeler le prince de Bevern de la Moravie, où il était encore.
Pour être en quelque manière sûr de la prise de Schweidnitz, il fallait que tout concourût à ce but. Le Roi n'avait pas un homme de trop pour entreprendre ce projet, et dès que cette entreprise se trouverait terminée, il était maître d'employer ses troupes ailleurs. Pour se persuader de la nécessité de cette réunion de l'armée, il n'y a qu'à compter le nombre des différents corps auxquels l'armée prussienne devait s'opposer. Nous trouvons l'armée du maréchal Daun, et les corps de Loudon, de Hadik, de Brentano, de Beck, d'Ellrichshausen, outre les détachements de Silberberg et de Wartha. Tout cela faisait ensemble soixante-dix mille combattants. Quoique l'armée du Roi ne fût guère plus faible, il fallait toutefois en décompter les troupes destinées au siége de Schweidnitz, et surtout réfléchir à l'étendue de terrain, infiniment plus grande que celle de l'ennemi, que les Prussiens occupaient. Le Roi était d'ailleurs obligé de s'attendre aux efforts que les Impériaux feraient pour délivrer Schweidnitz, auxquels il fallait être en état de s'opposer avec promptitude. Ainsi, nonobstant que M. de Werner eût remporté nombre d'avantages sur M. de Beek en Moravie, il fut obligé de se retirer, et joignit le prince de Würtemberg le 1er d'août, dans le camp de Péterswaldau. Le prince de Bevern, qui le suivait, arriva en même temps à Neisse, d'où il couvrit le convoi des munitions de guerre qu'on assemblait pour le siége de Schweidnitz.
M. de Tauentzien, à qui la direction de ce siége fut confiée, partit alors avec un convoi pareil de Breslau pour se rendre aux environs de cette place. Il investit la ville le 4 d'août; la tranchée s'ouvrit le 7 : elle prenait de la briqueterie, et tournait vers Würben pour embrasser le polygone de Jauernick, sur lequel se dirigeait l'attaque. Le même jour, le commandant fit une sortie, mais