<200>placé que de légers détachements, préparés à se retirer au premier signal.

Tout ce qu'on avait prévu arriva pour cette fois. Le 16 d'août, le maréchal Daun déboucha dans ces vallées sur différentes colonnes. Son avant-garde escarmoucha avec le détachement de Langenbielau, qui se retira en bon ordre sur l'armée du Roi. Le maréchal Daun, à la tête de quarante bataillons et d'autant d'escadrons, prit son camp, qu'il étendit depuis le Hutberg jusque vers Heidersdorf. M. Beck occupa en même temps le Kleutschberg avec douze bataillons et vingt escadrons. Comme les Impériaux avaient considérablement dégarni leurs postes des montagnes pour rassembler cette armée, on ne courait aucun risque en en faisant autant, de sorte que le Roi attira à lui les brigades de Ramin et de Saldern,a avec lesquelles son corps, y compris celui du prince de Bevern, faisait vingt-huit bataillons et quatre-vingts escadrons; cependant la vérité du fait exige que nous ajoutions que ces deux brigades n'arrivèrent, le soir, qu'après la fin de l'action.

Le Roi avait fait d'avance ses dispositions pour la défense réciproque de ces deux camps; il était convenu avec le prince de Bevern qu'ils se porteraient mutuellement du secours. On avait élargi les chemins et préparé les communications : la disposition portait que celui des deux corps qui serait assailli par l'ennemi, se bornerait à la simple défense de son camp, tandis que l'autre volerait à son secours, et agirait offensivement. Le terrain se prêtait à merveille à cette manœuvre : car, en supposant que le corps de Péterswaldau fût attaqué, le prince de Bevern se portait naturellement sur le flanc droit et à dos de l'ennemi; et au cas que le corps de Peilau fût assailli, le Roi faisait une manœuvre pareille avec ses troupes sur la gauche des Impériaux. Vers le midi, on s'aperçut que le dessein du maréchal Daun était d'attaquer le prince de Bevern. Toutes ses forces se portaient sur la droite, vis-à-vis du camp de Peilau; au lieu que s'il eût voulu s'engager avec le corps de Péterswaldau, il devait renforcer sa


a Frédéric-Christophe de Saldern, né dans la Priegnitz en 1719, devint lieutenant-colonel le 1er juin 1757, et général-major le 6 septembre 1708, sans avoir passé par le grade de colonel.