<202>temberg; et s'il faisait face au corps de ce prince, il donnait à M. Lentulus prise sur sa droite, et de plus il avait à dos le feu du canon du prince de Bevern. Dans cet embarras qui agitait M. O'Donnell et que ses cuirassiers ressentaient, il reçut une bordée de quinze pièces de six livres de l'artillerie légère, dont on avait formé une batterie à la hâte. Cela acheva de répandre la confusion parmi son monde. Le régiment de Werner, soutenu de celui de Czettritz, chargea en même temps cette cavalerie impériale, et après un choc vigoureux, il la rejeta au delà du village de Peilau. La fuite de cette cavalerie dégarnissait le flanc de M. de Lacy, qui craignit pour son infanterie, et se hâta de faire sa retraite. M. de Beck, qui s'était déjà engagé avec le prince de Bevern, quitta prise. La brigade de M. de Möllendorff arriva, mais trop tard, car l'ennemi se retirait déjà de tous côtés.

Cette affaire coûta quinze cents cavaliers aux Autrichiens; les Prussiens n'y perdirent que quatre cents hommes du régiment du margrave Henri,a qui se signala dans cette action, ayant lui seul fait tête à tout le corps de M. de Beck. Le maréchal Daun, mécontent d'avoir manqué son coup, ne jugea pas à propos de demeurer plus longtemps sur le Hutberg; craignant peut-être pour ses postes des montagnes, qu'il avait dégarnis, il se retira le lendemain au soir, par Wartha et Glatz, à Scharfeneck, où il demeura jusqu'à la fin de la campagne sans donner aucun signe de vie.

Le Roi suivit les Autrichiens : mais comme ce pays montueux et rempli de défilés et de ruisseaux n'est guère propre pour les poursuites, on ne leur fit aucun mal dans leur retraite; on se contenta de pousser M. de Werner à Habendorf pour observer de là les postes de Silberberg et de Wartha. Tous ces mouvements des troupes avaient nui au siége de Schweidnitz, qui n'était pas aussi avancé qu'il aurait dû l'être. M. de Guasco, qui en était gouverneur, commençait néanmoins à mal augurer de sa défense


a Le margrave Henri de Brandebourg-Schwedt, nommé général-major le 22 juin 1740, fut, depuis 1741 jusqu'à sa mort, arrivée en 1788, chef du régiment d'infanterie no 42, dont il est ici question : mais il ne parut plus à l'armée depuis la bataille de Mollwitz. Le régiment eut dès lors des commandeurs, entre autres, le colonel Balthasar-Rodolphe de Schenckendorff, depuis 1753 jusqu'en 1760, et le colonel Henri-Werner de Kleist, depuis 1760 jusqu'en 1764.