<204>la tramontane, et le Roi fut obligé de se mêler du détail du siége et de la direction des travaux. On prolongea aussitôt la troisième parallèle; on y plaça une batterie à brèche; on établit des ricochets à la tuilerie; l'on fit encore une autre batterie sur le Kuhberg, qui battait les ouvrages attaqués à revers; on fit sauter quelques rameaux des mines des assiégés. La garnison fit deux sorties, et délogea les Prussiens d'un entonnoir couronné d'où ils voulaient déboucher par de nouveaux rameaux. Ces chicanes prolongèrent la durée du siége, parce qu'il fallait faire une guerre souterraine. Toutefois la plupart des canons de la place étaient, ou évasés, ou démontés; les vivres commençaient à devenir rares, et l'ennemi se serait rendu par inanition, si une bombe, en tombant devant le magasin à poudre du fort de Jauernick, dont le hasard voulut que la porte fût ouverte, n'eût mis le feu aux poudres, et bouleversé une partie du fort, outre que trois cents grenadiers des ennemis y périrent. Cet accident, qui ouvrait la place, obligea le gouverneur à battre la chamade. La ville capitula le 9. M. de Guasco avec sa garnison, forte de neuf mille hommes, se rendit prisonnier de guerre; lui et tout son monde furent envoyés en Prusse. M. de Knobloch reçut le gouvernement de cette place, et M. de Wied partit pour la Saxe avec un gros détachement, pour y renforcer le prince Henri.
Ainsi se termina la campagne de Silésie, moins bien qu'on n'eût pu le présumer au commencement, mais mieux qu'on ne pouvait l'espérer après la dernière révolution de la Russie. Le Roi donna le commandement des troupes en Silésie au prince de Bevern; il envoya MM. de Ramin, Möllendorff et Lentulus avec leurs brigades en Lusace pour occuper les environs de Görlitz, et pour causer aux Autrichiens des jalousies sur Zittau et sur la Bohême, afin de faciliter les opérations du prince Henri. L'armée de Silésie entra en cantonnements près du camp retranché qu'elle avait tenu toute la campagne, et que l'on se contenta, pendant l'hiver, de garder par des détachements, qu'on relevait tous les huit jours; après quoi Sa Majesté se rendit elle-même en Saxe. Tandis que M. de Wied est occupé à traverser la Lusace, nous reprendrons le fil de la campagne de S. A. R., que nous suivrons jusqu'à l'arrivée de ce secours.