<25>demi-mille de l'armée russe; on pouvait d'autant plus facilement battre ces troupes avant que M. Soltykoff pût y apporter du secours, qu'elles n'étaient point appuyées du tout; cela fit naître l'envie de l'entreprendre. Le Roi y marcha la nuit du 1er d'octobre; il y trouva le camp vide; il n'y prit que des traîneurs, qui déposèrent que la nuit même toute l'armée avait passé l'Oder à Carolath. On s'approcha de ce fleuve, où l'on entendit une canonnade très-vive; et la surprise fut extrême lorsqu'on vit que ce feu partait de l'arrière-garde des Russes, qui, à grands coups de canon, détruisait le pont sur lequel ils avaient passé le fleuve, tant ils étaient grossiers et ignorants. Par ce mouvement, la rive gauche de l'Oder était mise en sûreté; mais comme il fallait couvrir la droite, le Roi fit marcher l'armée à Glogau. Dix bataillons et trente escadrons y passèrent la rivière, et se postèrent sur une hauteur, pour couvrir la place; le gros des troupes se campa proche des ouvrages. M. de Soltykoff prit une position à Kuttlau; il y eut tous les jours des escarmouches entre les hussards et les Cosaques, où les Prussiens eurent l'avantage. Toutefois, comme la rapidité de la marche du Roi avait fait manquer le coup que les Russes avaient prémédité, ils quittèrent les environs de Glogau, et prirent le chemin de Guhrau, qui mène à Freystadt. On canonna une de leurs colonnes, qui passa près du retranchement prussien; on harcela même leur arrière-garde, tandis que le gros de l'armée du Roi décampait et prenait le chemin de Koben. Comme on manquait de pontons pour passer l'Oder, on y suppléa par des chevalets, et l'armée du Roi, s'étant rendue à l'autre bord de ce fleuve, prit une position derrière la Bartsch, rivière à bords marécageux, par laquelle elle couvrait toute la Basse-Silésie. M. de Diericke,a qui avait la gauche, occupait une digue de l'Oder et ce moulin que M. de Schulenbourg rendit autrefois célèbre par la retraite qu'il fit devant Charles XII. Le gros des troupes s'étendait dans les bois de Sophienthal; sur la droite, un détachement tenait un poste sur la Bartsch, d'où il était à portée de prévenir les ennemis, au cas qu'ils marchassent sur Herrnstadt. Cette position était très-bonne et très-sûre, quoique fort étendue; deux digues, passages uniques sur la


a Chrétien-Frédéric de Diericke devint général-major le 31 août 1758.