<48>lidement établie, il en relève encore l'éclat, en fournissant un exemple de ce que peuvent la valeur et la fermeté contre le nombre, quelque supérieur qu'il soit. Cette belle action n'en trouve dans l'histoire qui lui puisse être comparée, que celle de Léonidas et des Grecs qui défendirent les Thermopyles, et qui eurent un sort à peu près semblable au sien. Tout ce corps ne fut pas perdu. Les hussards de Gersdorff et les dragons de Platenb se firent jour à la pointe de l'épée à travers les ennemis, et sauvèrent avec eux quinze cents hommes de l'infanterie, qu'ils ramenèrent à Breslau. Pour M. de Zieten, il quitta le Zeiskenberg après ce malheur, et se jeta dans Schweidnitz, pour éviter un sort pareil à celui de M. de Fouqué. Les Autrichiens usèrent en barbares de l'avantage qu'ils venaient de remporter : ils pillèrent la ville de Landeshut par ordre des généraux, qui applaudissaient à leur cruauté et à leurs excès; et le soldat effréné et furieux, encouragé aux forfaits et aux brigandages, n'épargna que la misère et la laideur.
La nouvelle de la bloquade de Glatz fut la première que le Roi reçut en Saxe. Elle augmenta l'embarras dans lequel il se trouvait déjà. Il était aussi cruel d'abandonner cette place, qui est comme la clef de la Silésie, qu'il était impossible de la secourir. Il fallait s'attendre qu'après la perte de cette forteresse on ne pourrait plus tenir les gorges de la Silésie et de la Bohême, à cause que les Autrichiens, une fois maîtres des passages de Silberberg et de Wartha, pouvaient venir à dos des troupes qui occupaient les montagnes. Il ne restait donc plus de position à prendre pour couvrir cette province. Il était aussi dangereux, d'autre part, de quitter la Saxe. Si le Roi s'était rendu en Silésie avec une partie de ses troupes, celles qui seraient demeurées en Saxe risquaient d'être détruites par la grande supériorité que les Impériaux avaient alors sur les Prussiens. Il paraissait donc qu'il n'y avait rien de mieux à imaginer que de mener les choses de manière que le Roi, entreprenant la marche de la Silésie, y attirât le maréchal Daun comme à sa suite. D'un autre côté, cet expédient n'était pas sans risque, puisque cette opération exposait le Roi, de nécessité, à se mettre entre M. Loudon, qui était déjà en Silésie, et entre l'armée
b No 8 de la Stammliste de 1806.