<61>et Nauendorf demeurèrent dans l'ancien camp, comme si le maréchal Daun leur avait mis en dépôt la position de la Katzbach. L'armée du Roi, arrêtée par quatre à cinq défilés qu'elle avait à passer, n'arriva que tard vis-à-vis des ennemis. M. de Wied fut obligé de se poster à Prausnitz, pour garder ce défilé qu'avait le Roi derrière sa gauche, et l'armée se campa à Seichau. On avait pris exprès cette fausse position, pour dérouter l'ennemi; la véritable, qu'on avait choisie, était à une centaine de pas en arrière. On ne risquait donc rien de se poster à Seichau, parce que d'un moment à l'autre on était maître d'entrer dans ce camp fort. Le lendemain, on détacha quelques troupes à Pombsen, pour essayer s'il n'y aurait pas moyen de tourner l'ennemi en prenant par les montagnes la route de Jägendorf; mais M. de Beck s'y trouvait déjà avec un corps assez considérable, de sorte qu'on ne trouva pas à propos d'entreprendre cette marche. D'ailleurs, les chemins de traverse par ces montagnes ont des voies si étroites, que le nombreux train de vivres dont on était chargé, et la pesante artillerie n'auraient jamais pu y passer.

Cependant, dès le lendemain, le Roi occupa la croupe des montagnes, et posta ses troupes. Une volée de déserteurs qui arrivèrent, déposèrent unanimement que l'ordre avait été donné dans leur camp de se tenir préparé pour attaquer les Prussiens vers le midi. On voyait en effet les Autrichiens rangés en bataille devant leur place d'armes; et sur le mouvement que le Roi avait fait faire à ses troupes, on vit non seulement les ennemis rentrer dans leur camp, mais bientôt les généraux ennemis parurent, qui rôdèrent de tout côté pour faire des reconnaissances. Ils paraissaient fort attentifs, et leur curiosité les retint à cet examen jusqu'à la nuit close. Si le Roi était demeuré dans sa position pendant la nuit, il est indubitable qu'il aurait été attaqué le lendemain dès la pointe du jour. Quoique ses dispositions sur ce terrain fussent bonnes, c'aurait été trop hasarder que d'y rester, et il y avait toujours à craindre qu'il ne succombât sous le nombre de ses ennemis. Il partit le soir même; les troupes reprirent le chemin de Liegnitz, pour occuper le camp d'où elles étaient parties la veille. Le maréchal, qui n'eut aucun vent de cette marche, ne fit aucun mouvement. Le prince de Holstein, qui menait la gauche de la