<64>colonnes d'infanterie et dans deux colonnes de cavalerie de M. Loudon, qui était en pleine marche, et que, comme il était peu éloigné, il n'y avait pas un moment à perdre pour s'opposer à lui. Le Roi partagea sur cela son armée en deux corps : sa droite, aux ordres de MM. de Zieten et de Wedell, demeura immobile sur le terrain où elle s'était formée; elle dressa des batteries en hâte pour enfiler les deux chemins de Liegnitz, les seuls par lesquels le maréchal Daun pouvait déboucher pour venir à elle. Le Roi fit en même temps changer de position à sa gauche; il la forma, la droite vers la Katzbach et la gauche vers un étang. Tout ce corps ne faisait que seize bataillons et trente escadrons. Dans le temps que l'infanterie prenait cette direction, la cavalerie, qu'on avait poussée en avant pour la couvrir, était en pleine escarmouche avec l'ennemi; cela dura jusqu'à ce qu'on eût établi une grosse batterie sur une éminence qui dominait sur tout le terrain des environs. Alors, comme les arrangements étaient pris, la cavalerie reçut ordre de se retirer, ce qu'elle exécuta bien. La plus grande partie en fut distribuée derrière l'infanterie pour la soutenir, au régiment de Kroekow près et de quelques hussards, qu'on jeta sur la gauche pour observer l'ennemi de ce côté-là. Cependant M. Loudon ne s'attendait à rien moins qu'à une bataille. Il se doutait bien qu'il avait quelques troupes en opposition; mais il faisait si obscur, qu'il ne pouvait discerner ni les Prussiens ni leur disposition. Il ne s'était point fait précéder par une avant-garde, parce qu'il se proposait de surprendre quelques bataillons francs qui avaient campé la veille à Pfaffendorf, avec le parc de vivres qu'il croyait y trouver encore. On fit alors exécuter sur l'ennemi la grande batterie qu'on avait construite sur la hauteur. La tête des colonnes autrichiennes n'en était qu'à huit cents pas; le canon fit beaucoup d'effet sur ces masses serrées. M. Loudon s'aperçut en ce moment qu'il y avait quelque mécompte dans son calcul. Il voulut former son monde; mais il ne put former qu'un front de cinq bataillons. Les Prussiens attaquèrent cette ligne, qui fut aussitôt renversée. Le général ennemi fit en ce moment avancer sa cavalerie, pour prendre en flanc et à dos ceux qui l'attaquaient; mais il ne connaissait pas le terrain, ni ne pouvait s'orienter dans l'obscurité. Cette cavalerie culbuta les dragons