<65>de Krockow; mais prise en flanc par les cuirassiers de Frédéric,a elle fut rechassée à son tour, et dispersée dans des marais dont elle eut bien de la peine à sortir. Dès l'aube du jour, l'infanterie chargea la seconde ligne des Autrichiens. Comme on remarqua qu'elle se dérangeait, on lâcha sur elle quelques escadrons de cavalerie, qui l'enfoncèrent et la firent presque toute prisonnière. De petits buissons épars dans ce terrain étaient d'un usage merveilleux pour cacher des corps de cavalerie, qui venaient ensuite fondre à l'improviste sur l'ennemi, et le mettaient en déroute. M. Loudon essaya d'en faire autant : sa cavalerie attaqua l'infanterie prussienne, mais la cavalerie du Roi la ramena vertement; enfin, après cinq attaques consécutives sur ces cinq lignes des Autrichiens, chacune de cinq bataillons, la confusion des ennemis devint si générale, que tout le corps se mit en déroute, et s'enfuit vers Bienowitz pour repasser la Katzbach dans le plus grand désordre. On détacha quelques petits corps à la poursuite des fuyards. M. de Möllendorffa mit le feu au village de Bienowitz, où il prit beaucoup de prisonniers.

Le Roi ne voulut pas poursuivre plus vivement M. Loudon, parce qu'il pouvait se trouver dans le cas de se servir des mêmes troupes qui venaient de remporter la victoire, pour les joindre à sa droite et les faire combattre contre le maréchal Daun. Ce maréchal avait passé toute la nuit, avec ses troupes en colonnes, près du ruisseau qui séparait son armée du vieux camp prussien. Le Roi y avait laissé par précaution quelques hussards, qui, imitant le cri des patrouilles et des sentinelles, entretinrent l'ennemi dans la persuasion que l'armée s'y trouvait encore. A la petite pointe du jour, Daun et Lacy se mirent en mouvement pour attaquer les Prussiens; mais quelle fut leur surprise de trouver le


a Frédéric margrave de Brandebourg-Schwedt, petit-fils du Grand Electeur et gendre de Frédéric-Guillaume Ier, devint chef du 5e régiment de cuirassiers après la mort de son père, le margrave Philippe, arrivée en 1711. Le margrave Frédéric, né en 1700, mourut en 1771.

a Wichard-Joachim-Henri de Möllendorff, né le 7 janvier 1724. Après la bataille de Liegnitz, il devint lieutenant-colonel; en 1761, colonel; le 15 mai de la même année, général-major. Le 20 mai 1775, il fut fait lieutenant-général, et le 16 février 1779, chevalier de l'Aigle noir. Promu au grade de feld-maréchal en 1793, il mourut le 28 janvier 1816. Voyez t. III, p. 149.