<66>camp vide, et de n'apprendre aucune nouvelle de ce qu'était devenue l'armée prussienne. Il paraissait comme si la fortune avait résolu que, ce jour, rien ne devait prospérer aux Autrichiens; le vent même leur fut contraire. Ni le maréchal ni M. de Lacy n'entendirent le bruit de la bataille qui se donnait derrière Pfaffendorf, à un demi-mille d'eux, quoique deux cents canons au moins tirassent de part et d'autre. Le maréchal fut longtemps incertain sur le parti qu'il devait prendre; enfin, après beaucoup de conseils et d'avis différents, il résolut de passer la Katzbach à Liegnitz, et d'attaquer le corps de M. de Zieten, qu'il voyait en bataille. Il envoya M. de Lacy pour passer plus haut le Schwarzwasser. Cela était impossible, à moins que celui-ci ne fît un détour d'un mille et demi pour trouver un pont; car les bords de ce ruisseau sont marécageux, et il ne suffit pas de ponts, mais il faut élever des chaussées pour le passer au delà de Liegnitz. La bataille étant déjà gagnée, le Roi se rendait précisément à sa droite, lorsqu'on aperçut l'avant-garde du maréchal Daun, qui débouchait de Liegnitz; mais l'artillerie prussienne avait tellement dérangé cette troupe, qu'on pouvait juger à sa contenance qu'elle était sur le point de quitter cet emplacement. Pour terminer cette affaire, pour confirmer au maréchal Daun ce dont il se doutait déjà, s'entend la défaite de M. Loudon, enfin pour accélérer sa retraite, le Roi fit faire une réjouissance à ses troupes. A peine eut-on fait le second feu roulant, que les colonnes de l'ennemi rebroussèrent chemin, et repassèrent la Katzbach auprès de Liegnitz.

Il y eut ce même jour encore une petite bataille dans la forêt. On y avait envoyé le ministre d'Angleterre,a quelques secrétaires, et le bagage du quartier de la cour, sous l'escorte d'une compagnie de grenadiers des gardes. Cette troupe fut attaquée par trois cents dragons et hussards. M. de Prittwitz, qui commandait ce détachement, se défendit si bien, qu'il ne perdit pas la moindre bagatelle de ce qui lui avait été confié.

L'affaire de Pfaffendorf b coûta dix mille hommes à M. Loudon; le champ de bataille était parsemé d'Autrichiens. Les Prus-


a Sir Andrew Mitchell.

b L'affaire de Pfaffendorf est plus connue sous le nom de bataille de Liegnitz. Le Roi avait dit à la page 62 qu'il raconterait la conduite glorieuse du régiment de Bernbourg à cette bataille; mais il ne s'en est pas souvenu ici. Ce régiment s'était illustré précédemment sous le nom de régiment du prince régnant Léopold d'Anhalt-Dessau. Il n'existe plus aujourd'hui.