<67>siens occupaient un terrain taillé en glacis, qui allait toujours en Rabaissant du côté d'où les ennemis faisaient leur attaque; ce fut la forme de ce terrain qui donna la supériorité à leur feu, et des avantages sur les assaillants. Ils firent beaucoup de prisonniers : deux généraux, quatre-vingts officiers, six mille soldats; les Autrichiens perdirent de plus dans cette journée vingt-trois drapeaux et quatre-vingt-deux canons.

Cependant le fruit de cette bataille aurait été perdu, si l'on n'avait pas incessamment passé la Katzbach à Parchwitz. L'ennemi était en confusion et dispersé. D'un côté, les débris du corps de Loudon fuyaient à la débandade vers Wahlstatt; d'un autre, le maréchal Daun se trouvait dans le camp que les Prussiens avaient eu la veille, indéterminé sur le parti qu'il devait prendre; d'un troisième, M. de Lacy rôdait à un mille de là, cherchant inutilement un gué sur le Schwarzwasser. C'était sans doute le moment dont il fallait profiter pour ne pas donner à l'ennemi celui de se reconnaître. Le Roi prit sa gauche, qui avait combattu, et marcha droit à Parchwitz. M. de Nauendorf, qui tenait l'autre bord du ruisseau, se trouvant trop faible pour résister aux Prussiens, leur abandonna ce passage si longtemps et si opiniâtrement disputé. On marqua le camp pour l'armée au delà de Parchwitz. M. de Zieten, qui devait s'y rendre également, ne s'arrêta sur le champ de bataille que le temps nécessaire pour recueillir les blessés prussiens, dont le nombre montait à onze cents hommes.

On apprit à Parchwitz que M. de Czernichew campait depuis quelques jours à Lissa, ce qui fournit une nouvelle matière d'inquiétude. Il pouvait être joint par les Autrichiens, il pouvait prendre une position à Neumarkt, et il aurait été fâcheux de remettre en question le lendemain ce qui venait d'être décidé la veille. Il fallut tenter tous les moyens pour se débarrasser d'un ennemi qu'on n'avait aucune envie de combattre. On eut recours à la ruse. Pour cet effet, le Roi écrivit au prince son frère. Cette lettre, pleine d'enflure, portait : qu'il venait de battre les Autrichiens à plate couture; qu'il faisait construire un pont actuelle-