<72>jusqu'au lendemain. M. de Zieten fut chargé d'exécuter cette commission. Le lendemain, dès la pointe du jour, il devait suivre le chemin de Hartha et de Ruhbank; mais un contre-temps imprévu fit manquer l'expédition. M. de Beck avait reçu ordre la veille, lorsque l'armée décampait, de couvrir la droite de M. Loudon. Comme il marchait de Hohenfriedeberg à Reichenau dans l'obscurité, il découvrit le camp du Roi, qu'il prit pour l'autrichien, et il se plaça sur le flanc gauche de ce camp, par où il tournait le dos à l'armée du Roi. La nuit même, le Roi en fut averti. Les Prussiens ne quittèrent point les armes, et avant l'aube du jour on se mit en devoir de l'attaquer. Quelques coups de canon mirent ses troupes en désordre. La cavalerie du Roi les chargea dans ce moment, et elle prit tout un bataillon de pan-dours, fort de huit cents hommes. La cavalerie suivit le corps de Beck, qui se sauva à Hohenfriedeberg, d'où il fut poussé jusqu'à Rohnstock. Il aurait été plus malmené encore, si le prince de Löwenstein ne fût accouru à son secours avec des troupes fraîches, qui recueillirent les fuyards, et lui couvrirent la retraite.

Cette canonnade et le bruit du feu d'infanterie firent croire à M. de Zieten qu'il s'agissait de quelque engagement sérieux à la gauche du Roi : il ne voulut point se hasarder à quitter l'armée dans un moment où peut-être sa présence deviendrait nécessaire; il différa son départ jusqu'à midi : mais le moment favorable était passé; il ne put avancer que jusqu'à Hartha, où il se campa, parce que Loudon venait de garnir toutes les gorges qui mènent à Landeshut, et que M. de Lacy avait pris avec vingt mille hommes la position de Ruhbank. M. de Nauendorf, dont le corps était demeuré campé à Zirlau, proche de Freybourg, se répandait pendant ce temps-là dans la plaine, et poussait ses partis jusqu'à Jauer et Liegnitz. Le Roi envoya M. de Krockow à Wahlstatt, qui surprit un détachement de Nauendorf fort de plus de trois cents hommes, qu'il ramena tous prisonniers à l'armée.

Toutefois le maréchal Daun n'était pas aussi tranquille qu'il le paraissait; il préparait des chemins de Landeshut à Bolkenhayn; il faisait filer des troupes à Ruhbank, et, en combinant