<76>rité de la nuit, et les remettaient dans le chemin qui ramenait à leurs postes. Toutefois, dans ces montagnes, dont la nature s'était complu à faire des espèces de forteresses, les Prussiens et les Autrichiens se retranchèrent, pour plus de sûreté.

La situation où se trouvait le maréchal Daun, commençait toute-fois à lui peser. Il lui était insupportable de voir qu'il allait perdre cette campagne, dans le succès de laquelle il avait mis sa plus grande espérance. Les fourrages des montagnes étaient consommés; il ne pouvait se répandre dans la plaine qu'avec de petits partis; les chemins rompus difficultaient l'arrivée des convois qu'il tirait de la Bohême; il était enfin sur le point d'abandonner la Silésie, où désormais il ne lui restait plus d'entreprise à former. Il ne trouva d'autre ressource dans son chagrin que de redresser le mauvais état de ses affaires par quelque diversion qui, taillant dans le vif, fût assez sensible au Roi pour l'obliger d'y accourir. Il remua pour cet effet ciel et terre, pour y disposer les généraux russes, et surtout M. de Soltykoff. Son dessein était de faire marcher un corps de Russes droit à Berlin, et pour les encourager à cette manœuvre, il se proposa de les faire joindre par un détachement de son armée, persuadé que ce serait le seul moyen d'obliger le Roi d'accourir à ses États héréditaires, et par conséquent de quitter la Silésie avant qu'il pût contraindre les Autrichiens à se retirer en Bohême. Il envoya un officier général dans le camp des Russes pour négocier cette affaire; la cour de Vienne dépêchait journellement des courriers à Pétersbourg pour appuyer ce projet; on offrit aux Russes l'appât du pillage et du butin, et ce fut sans contredit ce qui les détermina d'entrer dans les vues des Autrichiens; et M. de Lacy fut détaché de Seitendorf, pour coopérer avec les Russes à l'exécution de ce projet. Quoique le Roi en fût informé, cela n'empêcha pas qu'il ne détachât M. de Wied avec six mille hommes pour la Haute-Silésie. M. de Wied y trouva le corps de Bethlen à Neu-stadt; les dragons de Krockow firent une reconnaissance, où par maladresse ils perdirent cent vingt hommes; mais ce ne sont là que des bagatelles.

MM. de Czernichew et de Tottleben s'étaient mis en marche dès le 20 de septembre avec environ vingt mille hommes; ils avaient passé l'Oder à Beuthen, d'où ils s'étaient portés sur