<77>Christianstadt, tandis que M. de Soltykoff dirigeait sa marche de Schlichtingsheim en Pologne sur Francfort, où il arriva le 6 d'octobre.
Les affaires de la Saxe allaient mal depuis le départ du Roi. Les cercles occupèrent d'abord Nossen; M. de Hülsen, trop faible pour occuper tous les postes qu'il aurait fallu garder pour empêcher le prince de Deux-Ponts de le tourner, ne put conserver sa position de Schlettau, et se replia sur Strehla. Il y fut incontinent suivi par les ennemis. M. de Luszinzky se porta sur son flanc droit, pendant que le prince de Stolberga attaqua la droite des Prussiens sur le Dürrenberg. M. de Braun,b qui commandait cette brigade, repoussa vigoureusement l'ennemi. Les dragons de Schorlemer et les hussards de Kleist donnèrent en même temps sur eux, et achevèrent de les mettre en déroute. Ils y prirent le prince de Nassau, colonel au service d'Autriche, vingt officiers et quatre cents hommes; sur quoi le prince de Deux-Ponts fit la retraite. Il semblait que ce n'en fût pas assez pour M. Hülsen du nombre d'ennemis qu'il avait à combattre : le hasard lui en suscitait de nouveaux. Le duc de Würtemberg, remis de l'altération que l'affaire de Fulde lui avait causée l'année précédente, se remit en campagne; il crut être plus heureux en servant sous les auspices des Autrichiens qu'en faisant la guerre avec les Français; il s'était vendu à condition qu'on l'emploierait en corps séparé, et il s'avançait vers la Saxe avec la ferme résolution de piller également ami et ennemi. Dans cette vue, il se faisait suivre par toute une synagogue de Juifs, pour débiter son butin. On appelait cette troupe d'Hébreux son sanhédrin. Comme il se trouvait alors aux environs de Grimma, M. de Hülsen ne trouva pas convenable de prolonger davantage son séjour de Strehla; il se retira à Torgau, pour couvrir le magasin qu'il avait dans cette ville, autant que les conjonctures le lui permettraient. Le prince de Deux-Ponts suivit les Prussiens sur leurs pas, et se campa
a Chrétien-Charles prince de Stolberg-Gedern, née en 1725, mort en 1764, devint en 1758 Reichs-General-Feldmarschall-Lieutenant, et en 1760, Reichs-General-Feldzeugmeister. Il commanda sous le prince Frédéric de Deux-Ponts, feld-maréchal de l'Empire.
b Auguste-Guillaume de Braun, nommé général-major le 24 octobre 1708.