<80>M. de Werner de mettre une flotte en déroute avec quelques escadrons de hussards. Après que ce général eut achevé d'expulser les Russes de la Poméranie, il se rendit à Prenzlow, où il joignit le prince de Würtemberg. MM. de Werner et de Belling demeurèrent dans ces environs pour s'opposer aux Suédois, pendant que le prince de Würtemberg s'avançait à grandes journées vers Berlin, où il arriva le 4 d'octobre.
Tout le monde avait pris les armes dans cette capitale; on employait des invalides et des malades pour se défendre. Les fortifications de la ville consistaient en quelques flèches de terre élevées devant les portes. Ces postes importants étaient confiés à des généraux de l'armée blessés ou malades, qui se trouvaient dans la ville. Avec sa cavalerie, le prince de Würtemberg sortit de la porte de Silésie. Il y rencontra l'ennemi, il fut attaqué durant six heures par M. Tottleben, qui l'environnait avec un corps de sept à huit mille Cosaques et dragons. Le prince non seulement le repoussa, mais il le rechassa jusqu'à Cöpenick. La porte fut attaquée le lendemain par deux mille fantassins russes. M. de Seydlitz, quoiqu'il ne fût pas guéri de ses blessures de Kunersdorf, y commandait; il repoussa l'ennemi. On avait mandé à M. de Hülsen le péril où se trouvait la capitale; il y était accouru de Coswig, et il arriva dans ces entrefaites.
S'il n'y avait eu que les Russes à écarter, on aurait réussi à les chasser; mais ce qui perdit la ville, ce fut l'arrivée de M. de Lacy. Il avait déjà occupé Potsdam et Charlottenbourg, et s'avançait du côté du midi vers Berlin. Le circuit de cette capitale est de trois milles de contour; or il est impossible que seize mille hommes défendent une aussi vaste enceinte, où il n'y a ni ouvrages ni remparts, contre vingt mille Russes et dix-huit mille Autrichiens, qui, n'ayant rien à ménager, pouvaient tout entreprendre. L'ennemi commençait déjà à jeter des bombes dans la ville. Si l'on avait attendu la dernière extrémité, les troupes couraient risque d'être prises, et la capitale, d'être ruinée de fond en comble. Ces considérations essentielles et solides occasionnèrent la résolution que prirent les généraux de se retirer, en intimant aux magistrats d'envoyer des députés aux généraux des ennemis pour dresser une espèce de capitulation. Le prince de Würtem-