<91>de différents régiments qui avaient été repoussés dans les attaques précédentes. avec ces troupes, les Prussiens s'emparèrent de la hauteur de Süptitz, et on les y établit avec tout le canon qu'on put rassembler à la hâte. Enfin, M. de Zieten, étant arrivé au lieu de sa destination, attaqua de son côté. Il faisait déjà nuit, et, pour éviter que Prussiens ne combattissent contre Prussiens, l'infanterie de Süptitz battit la marche. M. de Zieten l'eut bientôt jointe. A peine commençait-on à se former avec quelque ordre sur cet emplacement, que M. de Lacy vint avec son corps pour en déloger les troupes du Roi; mais il arriva trop tard. Il fut deux fois repoussé. Rebuté d'être si mal accueilli, il se retira vers Torgau à neuf heures et demie du soir, que cette bataille finit.

Les Impériaux et les Prussiens étaient si près dans les vignes de Süptitz, que bien des officiers et des soldats de part et d'autre furent faits prisonniers en s'égarant dans l'obscurité, après que tout fut bien fini, en ordre et tranquille. Le Roi même, en voulant se rendre au village de Neiden, tant pour expédier des ordres relatifs au gain de cette bataille, que pour en publier le succès dans le Brandebourg et en Silésie, entendit proche de l'armée le bruit d'une voiture. On demanda le mot, et l'homme répondit : Autrichien. L'escorte du Roi donna dessus, et prit tout un bataillon de pandours, avec deux canons, qui s'était égaré dans l'obscurité de la nuit. A cent pas de là, il rencontra une troupe à cheval, qui répondit sur le qui-vive : Carabiniers autrichiens. L'escorte du Roi les attaqua et les dispersa dans la forêt. Ceux que l'on prit, déposèrent qu'ils s'étaient égarés avec M. de Ried dans ce bois, et qu'ils avaient cru que les Impériaux étaient maîtres du champ de bataille. Toute la forêt que l'armée prussienne avait traversée avant la bataille, et que le Roi côtoyait alors, était pleine de grands feux. On était embarrassé de deviner ce que ce pouvait être. On envoya quelques hussards pour s'en éclaircir. Ils rapportèrent qu'il y avait autour des feux des sol-