<147>dement, avec environ dix mille hommes. Voici comment le projet sur la Bohême s'exécuta : l'armée de Silésie entra dans le comté de Glatz; l'avant-garde occupa le poste important du Ratschenberg, d'où elle se porta sur Nachod, le reste de l'armée suivant l'arrière-garde. Le 7 juillet, le Roi fit une reconnaissance à la tête de cinquante escadrons de dragons et de hussards.

Pour qu'on se fasse une idée nette de la position de l'ennemi, il faut savoir que les Autrichiens avaient assez bien fortifié la ville de Königingrätz pour qu'au moins elle pût soutenir un siége de quelques semaines; à quoi contribuait principalement le confluent de l'Adler et de l'Elbe, au moyen duquel ils avaient formé des inondations difficiles à saigner. Cette ville faisait l'appui de la droite de leur camp. Au delà de l'Elbe et près de Königingrätz campait un corps de grenadiers et quelque cavalerie, dans des ouvrages qui ressemblaient plutôt à une ville fortifiée qu'à des retranchements de campagne. De Semonitz à Schurz s'étendait un autre corps environ de trente mille hommes, couvert par des fossés de huit pieds de profondeur, de seize pieds de large, bien fraisés et palissadés, et, par surcroît, entourés de chevaux de frise qui liaient ensemble les ouvrages séparés. Plus loin s'élevait la hauteur de Kukus, qui, commandant ces bords-ci de l'Elbe, s'étend de colline en colline, par Königssaal,a vers Arnau; d'où cette chaîne de montagnes aboutit à Hohenelbe, où elle se joint et se confond avec les montagnes que l'on nomme le Riesengebirge. Tous les passages de l'Elbe étaient défendus par de triples redoutes. L'ennemi avait fait des abatis d'arbres aux sommets de ces montagnes couvertes de bois, derrière lesquels campaient quarante bataillons de la réserve, pour porter de prompts secours aux lieux que les Prussiens auraient la témérité d'attaquer, au cas qu'il fût possible d'emporter successivement ce nombre de redoutes et d'ouvrages munis de quinze cents canons en batterie. Ajoutez à tant de difficultés la plus considérable, et qui empéchait absolument de tenter le passage de l'Elbe : c'est que, depuis Jaromirez jusqu'aux hautes montagnes, le lit de la rivière est bordé à chaque rive de rochers de douze et plus de pieds de hauteur, qu'on ne la peut franchir qu'aux lieux où il y a des ponts établis;


a Königinhof.