<148>et c'était là qu'une surabondance d'ouvrages en rendait l'approche impraticable.

Quelque imposant que fût l'aspect de ce camp formidable, on se flatta pourtant, durant les premiers jours, de gagner par adresse ce qu'on ne pouvait emporter par la force. L'on se proposait d'opposer à la partie de l'armée autrichienne campée entre Jaromirez et Schurz un corps de troupes capable de la tenir en respect. On le destinait, en même temps, à faire de fausses attaques, d'une part, sur le village de Herzmannitz, et de l'autre, sur Königssaal, tandis que le gros de l'armée se glisserait par la vallée de Silva, passerait, la nuit, l'Elbe au village de Werdeck, enfilerait le chemin de Prausnitz pour gagner les hauteurs de Switschin, qui, étant les plus hautes, dominaient toute la contrée, et le camp même de l'ennemi. S'il avait été possible aux Prussiens de s'y établir, ils coupaient l'aile droite des Impériaux de l'aile gauche, les obligeaient à combattre à leur désavantage, ou bien à se retirer plus honteusement encore. En conséquence de ce projet, le Roi se campa à Welsdorf avec vingt-cinq bataillons seulement et soixante escadrons. C'était ce corps qui devait masquer les mouvements de la grande armée. Celle-là demeura dans le poste de Nachod, d'où il était plus facile de la faire manœuvrer, soit sur la droite, soit à la gauche principalement de cette avant-garde.

Comme il était nécessaire de reconnaître exactement la position de l'ennemi pour s'assurer si le plan dont nous avons parlé pouvait s'exécuter, ou s'il était de nature à être rejeté, l'on déguisa les reconnaissances sous différents prétextes apparents : tantôt on donnait l'alarme à quelque quartier de l'ennemi; quelquefois on engageait des escarmouches avec ses avant-postes; le plus souvent on fourrageait sous son canon. Ce fut dans les différentes occasions que fournirent ces petites opérations de guerre, qu'en s'approchant de Königssaal et du village de Werdeck, on découvrit auprès de Prausnitz un camp fort, à peu près de sept bataillons, et derrière ce poste, sur la croupe du mont de Switschin, un autre corps d'environ quatre bataillons. Ces précautions de l'ennemi, mettant des obstacles insurmontables aux desseins qu'on