<155>de leurs retranchements pour poursuivre son armée, et l'Empereur demeura immobile et dans son ancienne position derrière l'Elbe, sans même chicaner l'arrière-garde au terrible défilé de Chwalkowitz, où elle était obligée de passer. M. de Wunsch reprit son poste du Ratschenberg, derrière Nachod. Le prince de Prusse occupa le poste de Soor, à portée de celui de Pilnikau, où commandait le prince héréditaire de Brunswic. On envoya quelques bataillons à Trautenau, à Schatzlar et à Landeshut, pour assurer les convois, qui de là étaient plus près de l'armée.
Tous ces mouvements n'opérant aucun changement dans la position où était l'ennemi, l'on crut pouvoir exécuter le projet que le Roi avait formé. A cette fin, le Prince héréditaire alla occuper avec son corps la hauteur des Dreyhauser; le prince de Prusse le remplaça avec son détachement, en s'établissant à Pilnikau, et le Roi se campa avec quarante bataillons auprès du village de Léopold; de manière que ces trois corps, communiquant ensemble, pouvaient se prêter la main, au cas qu'un d'eux fût attaqué. Il était temps d'avancer pour s'approcher davantage de Hohenelbe. A cette fin, le prince héréditaire de Brunswic couronna les montagnes qui vont de Schwarzthal à Langenau; le Roi le joignit par sa droite, et remplit le terrain qui va de Lauterwasser à une hauteur à gauche, qui fut également occupée. Le prince de Prusse garda sa position de Pilnikau, d'où il pouvait faire une fausse attaque sur le corps des ennemis de Neuschloss, tandis que l'armée forcerait le passage de l'Elbe. Ce prince se distingua à différentes reprises par sa vigilance et par ses bonnes dispositions. La réserve fut placée à Wildschiitz, pour épauler le camp du prince de Prusse, et la brigade de Lucka fut destinée à garnir les défilés impraticables de Hermannseifen, de Mohren et des Dreyhauser. Cette brigade, chargée de mener le gros canon et les obusiers à l'armée, employa trois jours pour les traîner de Trautenau à Hermannseifen, qui font une distance de trois milles. L'artillerie, qui avait des voies larges, ne put jamais traverser les chemins étroits qui étaient creusés dans le roc vif; on l'attendait avec impatience; mais elle n'arriva pas.
a Gaspard-Fabien-Gottlieb de Luck, chef du régiment d'infanterie no 53, était né en 1723. Il devint général-major en 1774.