<157>canon des ennemis, sans que l'Empereur et ses troupes donnassent la moindre marque de vigueur, sans qu'aucun d'eux se hasardât à passer la rivière pour défendre le fourrage qu'on prenait sous leurs yeux à leurs malheureux cultivateurs. Quoique le pays fût abondant, le grand nombre de troupes qui s'y nourrissaient, acheva bien vite de consumer les productions de la terre. Le prince Henri, qui était obligéa de ménager ses fourrages, manda au Roi qu'il ne lui en restait que jusqu'à la moitié de septembre. Les deux armées décampèrent donc à peu près le même jour. Le Roi quitta la position de Langenau et de Lauterwasser le 14 de septembre,b le prince Henri, son camp de Niemes deux jours plus tard.b Ce prince passa l'Elbe à Leitmeritz. Le gros bagage qui passa cette rivière à Aussig, y perdit la moitié de ses chevaux, non par l'ennemi, mais manque de précaution et par négligence. Le prince de Bernbourg,c qui avait les Saxons avec lui, se replia sur Zittau, et plaça ses troupes sur l'Eckartsberg : il y eut quelques escarmouches à l'arrière-garde du prince Henri, où les hussards d'Usedomd eurent occasion de se distinguer. Le lecteur nous saura gré de ne lui point rapporter ces minuties et ces affaires de détail qui n'influent en rien sur les grandes affaires.
Du côté du Roi, ce prince, pour alléger sa retraite, avait eu la précaution de renvoyer d'avance son artillerie et ses obusiers de Hermannseifen à Wildschütz. Les mesures furent si bien prises, que l'ennemi tenta inutilement d'entamer le Prince héréditaire auprès de Schwarzthal, et qu'il lui laissa tranquillement reprendre son ancien camp des Dreyhauser. La colonne que le Roi conduisait, rencontra encore une vingtaine de canons embourbés dans les défilés de Léopold. Cet accident arrêta la marche de l'armée; l'on garnit d'abord les hauteurs des troupes qui avaient la tête de la colonne. Elles repoussèrent facilement quelques détachements de pandours et de hussards venus de Neuschloss, par Arnsdorf, dans l'intention de harceler l'arrière-garde royale. Les
a Les mots était obligé sont omis dans le manuscrit du Roi.
b Le 8. Le prince Henri quitta son camp de Niemes le 10 septembre.
c François-Adolphe prince d'Anhalt-Bernbourg (t. V, p. 209) devint lieutenant-général et chevalier de l'Aigle noir le 21 mai 1771.
d Le général-major Adolphe-Detleff d'Usedom, depuis 1775 chef du régiment de hussards no 7.