<158>canons furent traînés à force de bras sur les hauteurs; quelques coups de canon dissipèrent l'ennemi, et l'armée entra dans le camp de Wildschütz, dont la réserve, comme nous l'avons dit, occupait les hauteurs, et le prince de Prusse, la gauche, de sorte que depuis les Dreyhauser jusqu'à Pilnikau et Kottwitz, l'armée formait une ligne presque contiguë.

Tous ces différents mouvements des Prussiens ne firent aucune impression sur l'armée impériale : elle demeura immobile derrière l'Elbe, comme si elle eût été pétrifiée. Après avoir donc épuisé de fourrages tous les environs, le Roi se replia sur Trautenau. Cette marche se fit sur trois colonnes; il n'y eut de harcelée que celle que le prince héréditaire de Brunswic conduisait. Ce prince fit volte-face; à son tour il attaqua l'ennemi, qui, craignant un engagement sérieux, se retira, après avoir perdu une centaine de morts, et quelques prisonniers qu'on fit sur lui; après quoi les Prussiens entrèrent dans leur camp, le corps du Prince héréditaire à droite, sur les hauteurs de Freyheit, et le corps du prince de Prusse à gauche, sur les collines de la chapelle de Trautenau. M. de Wurmser, qui, avec un tas de troupes légères, se tenait à Prausnitz, essaya à différentes reprises d'attaquer le poste du prince de Prusse; toutes les fois qu'il attaqua, il fut repoussé, ce qui fut dû aux bonnes dispositions et à l'activité de ce prince, conduite qui eût honoré tout autre militaire qui en aurait fait autant.

Les Prussiens, ne pouvant rien entreprendre sur les Impériaux, étaient réduits à consommer les vivres des contrées où ils pouvaient atteindre, et à décamper quand tout était mangé. On employa toute la prévoyance et toute la prudence convenable pour assurer ce mouvement. Les hauteurs qui sont derrière l'Uppau,a furent garnies d'infanterie et de canons; les postes avancés se replièrent sur l'armée, et la retraite se fit avec tant d'ordre, que l'ennemi ne put entamer l'arrière-garde; si l'on en excepte une légère pandourade, rien ne troubla les troupes dans leur marche, qu'elles continuèrent jusqu'à Trautenbach, où l'on séjourna peu de jours. De là l'armée se replia sur Schatzlar, dont le poste couvre toute la Basse-Silésie. M. de Wurmser s'était


a Aupa.