<171>nécessaire. Ce mouvement fit une telle impression sur les ennemis, qu'ils évacuèrent la ville de Habelschwerdt, et se sauvèrent en Bohême.

On avait pourvu à tout : si l'on avait laissé les Impériaux tranquilles en Bohême sur les frontières de la Saxe, toutes leurs troupes auraient reflué vers la Silésie, et M. de Wurmser aurait été renforcé considérablement; afin donc que l'attention de l'ennemi fût divisée, et qu'il pensât plutôt à sa sûreté qu'à inquiéter la Silésie, M. de Möllendorff ramassa quelques troupes, partit de la Saxe, marcha à Brix, battit avec sa cavalerie le parti qui lui était opposé, gagna trois canons, trois cent cinquante prisonniers, et prit le magasin qui était dans la petite ville de Brix. La nuit, il arriva qu'un bas officier du régiment de Wunsch déserta, et pour se venger de son major, il mena tout de suite les hussards autrichiens dans le même village, d'où il enleva ce major et cinq drapeaux;a tant il est vrai qu'un officier ne peut jamais être assez sur ses gardes pour éviter d'être surpris. Une aventure pareille était arrivée quelques mois auparavant en Silésie au régiment de Thadden, cantonné dans le village de Dittersbach,a près de Schmiedeberg. Les hussards firent une fausse attaque sur un poste du régiment, tandis qu'une autre troupe, pénétrant par un jardin et une grange dans la maison du commandeur, en enleva trois drapeaux, ayant été chassée avant de pouvoir emporter les autres. Ces faits ne sont pas honorables au service prussien; mais dans le grand nombre d'officiers qui composent cette armée, tous ne sauraient être également éclairés et vigilants.

Durant le temps que la guerre se faisait sans égard à la saison, le courrier que le Roi avait envoyé avec son ultimatum, revint de Pétersbourg, et les deux cours étant convenues sur tous les articles qu'il contenait, le prince Repnin l'envoya à M. de Breteuil à Vienne. Cet ambassadeur manda que cette pièce avait causé beaucoup de satisfaction à l'Impératrice-Reine, et que l'on se proposait d'assembler un congrès pour mettre la dernière main à la pacification générale. La postérité pourra-t-elle croire que


a Le major d'Auerswald fut enlevé par les ennemis, le 6 février 1779, dans Cammerswalde. village frontière.
     L'aventure de Dittersbach arriva au colonel de Heilsberg, le 8 novembre 1778.