<67>dictée; sèche, fière et arrogante, elle annonçait la ferme résolution des Autrichiens de conserver ce qu'ils avaient en possession.
Tous ces détails dans lesquels nous sommes entré, ne doivent pas nous occuper assez fortement pour que nous ne jetions pas les yeux sur le reste de l'Europe : toutes les puissances tiennent à la chaîne générale qui lie les intérêts politiques, et l'on ne doit omettre aucun des événements qui peuvent influer plus ou moins sur ce qui arrive dans le monde. Louis XV venait de terminer sa carrière au commencement de cette année. Il mourut de la petite vérole. Les évêques qui l'assistèrent dans ses derniers moments, agirent avec une cagoterie révoltante : ils l'obligèrent à demander publiquement pardon au public de ses faiblesses. Ce prince était bon, mais sans fermeté; il n'avait de défaut que celui d'être roi. La nation française, insatiable de nouveautés, ennuyée de son long règne, déchira impitoyablement sa mémoire. Enfin, ce successeur impatiemment attendu succéda à son grand-père. Louis XVI, parce qu'il ne faisait que de devenir roi, fut d'abord applaudi : son règne, c'était l'âge d'or, personne ne serait mécontent sous son gouvernement, il ramenait les temps de Saturne et de Rhéa. C'était là le langage de l'enthousiasme; celui de la vérité se borne à dire que ce prince, incapable de gouverner, choisit pour son mentor M. de Maurepas, ancien ministre disgracié sous le règne de Louis XV. L'âge avancé de ce premier ministre ne faisait point qu'on attendît que, sous son administration, la France regagnerait la considération qu'elle avait perdue; sa politique devait se borner à maintenir les choses dans l'état où il les avait trouvées : comment se serait-il engagé dans de grandes entreprises? Un octogénaire n'en pouvait voir la fin. Il devait sans doute travailler au rétablissement des finances, mais par quels moyens? En modérant les dépenses? il s'attirait la haine de tous les grands du royaume; en trouvant de nouveaux fonds? tous les moyens étaient épuisés. Il ne restait d'expédient sage que celui de faire une banqueroute raisonnée, pour prévenir une banqueroute totale, et il craignait que si cela arrivait de son temps, ce ne fût une tache pour son administration. La seule chose qui signala sa rentrée dans le ministère, fut qu'il rétablit l'ancien parlement, et qu'il contribua à l'exil de M. de Maupeou,