<81>abbés d'établir des manufactures : là c'étaient des ouvriers qui faisaient les nappages pour les tables, ici des moulins à huile, en d'autres lieux des tanneurs, ou des ouvriers en cuivre ou en fil d'archal, selon que cela convenait aux lieux, ainsi qu'aux produits. De plus, on augmenta le nombre des cultivateurs de la Basse-Silésie de quatre mille familles. On sera surpris sans doute qu'on ait pu multiplier à ce point ceux qui vivaient de l'agriculture, dans un pays où aucun champ ne demeure inculte. La raison en est que beaucoup de seigneurs, pour augmenter leurs domaines, s'étaient imperceptiblement approprié les terres de leurs sujets. Si l'on avait toléré cet abus, avec le temps beaucoup de censés seraient demeurées vides, et la terre, manquant de bras pour la travailler, aurait baissé de rapport; enfin, chaque village aurait eu son seigneur, mais plus de censiers : or, les possessions font des citoyens attachés à leur patrie, car ceux qui n'ont aucune propriété, ne peuvent s'attacher à un pays où ils n'ont rien à perdre. Toutes ces choses ayant été représentées aux seigneurs, leur propre avantage les fit consentir à remettre leurs paysans sur l'ancien pied.

En revanche, le Roi secourut la noblesse par des sommes considérables, pour rétablir son crédit entièrement tombé; bien des familles endettées avant ou par la guerre étaient sur le point de faire faillite : la justice leur accorda des moratoires pour deux ans, afin qu'ayant le temps de remettre leurs terres en valeur, ils se trouvassent en situation de payer au moins le dividende. Ces moratoires achevèrent de perdre le crédit de la noblesse. Le Roi, qui se faisait un plaisir et un devoir d'assister le premier et le plus brillant ordre de l'État, paya trois cent mille écus de dettes de la noblesse : mais la somme dont les terres étaient chargées, montait à vingt-cinq millions d'écus, et il fallut recourir à des remèdes dont l'effet fût plus efficace. La noblesse fut assemblée, et, en forme d'états, elle se rendit solidaire des dettes contractées. On créa pour vingt millions de billets, qui, mis en circulation, avec deux cent mille écus que le Roi y ajouta pour réaliser les payements les plus pressés, rétablirent dans peu le crédit perdu; et quatre cents des familles les plus nobles durent leur conservation à ces mesures salutaires. En Poméranie et dans la Nouvelle-Marche,