<101>se mettant à hennir, éleva son maître sur le trône de Perse, sur l'heure où la bulle d'or fut publiée, si ce fut à six heures du matin ou à quatre heures de l'après-midi. Pour moi, je me contente de savoir le contenu de la bulle d'or, et qu'elle a été promulguée l'année 1356. Ce n'est pas que je veuille excuser des historiens qui commettent des anachronismes; j'aurai cependant plutôt de l'indulgence pour les petites fautes de cette nature que pour des fautes considérables, comme celles de rapporter confusément les faits, de ne pas développer avec clarté les causes et les événements, de négliger toute méthode, de s'appesantir longuement sur les petits objets, et de passer légèrement sur ceux qui sont les plus essentiels. Je pense à peu près de même à l'égard de la généalogie, et je crois qu'on ne doit pas lapider un homme de lettres pour ne pas savoir débrouiller la généalogie de sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, ou d'Hildegarde, femme ou maîtresse de Charlemagne. On ne doit enseigner que ce qu'il est nécessaire de savoir; on doit négliger le reste.

Peut-être trouverez-vous ma censure trop sévère. Comme rien n'est parfait ici-bas, vous en conclurez que notre langue, nos colléges et nos universités ne le sont pas non plus. Vous ajouterez que la critique est aisée, mais que l'art est difficile; qu'il faut donc indiquer quelles sont, pour mieux faire, les règles qu'on doit suivre. Je suis tout disposé, monsieur, à vous satisfaire. Je crois que si d'autres nations ont pu se perfectionner, nous avons les mêmes moyens qu'eux, et qu'il ne s'agit que de les employer. Il y a longtemps que dans mes heures de loisir j'ai réfléchi sur ces matières, de sorte que je les ai assez présentes pour les coucher sur le papier et les soumettre à vos lumières; d'autant plus que je n'ai aucune prétention à l'infaillibilité.

Commençons par la langue allemande, laquelle j'accuse d'être diffuse, difficile à manier, peu sonore, et qui manque, de plus, de cette abondance de termes métaphoriques si nécessaires pour fournir des tours nouveaux et pour donner des grâces aux langues polies. Afin de déterminer la route que nous devons prendre pour arriver à ce but, examinons le chemin que nos voisins ont pris pour y parvenir.

En Italie, du temps de Charlemagne, on parlait encore un