<113>fera, c'est qu'il y aura moins de citoyens tués par l'ignorance ou par la paresse des médecins.
Pour abréger, je passe sur la botanique, la chimie et les expériences physiques, afin d'entreprendre M. le professeur en droit, qui m'a la mine bien rébarbative. Je lui dirai : Monsieur, nous ne sommes plus dans le siècle des mots, nous sommes dans celui des choses. De grâce, pour l'avantage du public, daignez mettre un peu moins de pédanterie et plus de bon sens dans les profondes leçons que vous croyez faire. Vous perdez votre temps, monsieur, à enseigner un droit public qui n'est pas même un droit particulier, que les puissants ne respectent pas, et dont les faibles ne tirent aucune assistance. Vous endoctrinez vos écoliers des lois de Minos, de Solon, de Lycurgue, des douze tables de Rome, du code de l'empereur Justinien; et pas le mot ou peu de chose des lois et des coutumes reçues dans nos provinces. Pour vous tranquilliser, nous vous promettons de croire que votre cervelle est formée de la quintessence de celles de Cujas et de Bartole fondues ensemble; mais daignez considérer que rien n'est plus précieux que le temps, et que celui qui le perd en phrases inutiles, est un prodigue auquel vous adjugeriez le séquestre, si on l'accusait devant votre tribunal. Permettez donc, monsieur, tout érudit que vous êtes, qu'un ignorant de ma trempe, si vous encouragez ma timidité, vous propose une espèce de cours de droit que vous pourriez faire. Vous commencerez par prouver la nécessité des lois, parce qu'aucune société ne peut se soutenir sans elles. Vous montrerez qu'il y en a de civiles, de criminelles, et d'autres qui ne sont que de convention. Les premières servent pour assurer les possessions, soit pour les héritages, soit pour les dots, les douaires, les contrats de vente et d'achat; elles indiquent les principes qui servent de règle pour décider des limites, ainsi que pour éclaircir des droits qui sont en litige. Les lois criminelles sont plutôt pour atterrer le crime que pour le punir; les peines doivent être proportionnées aux délits, et les châtiments les plus doux doivent en tout temps être préférés aux plus rigoureux. Les lois de convention sont celles que les gouvernements établissent pour favoriser le commerce ou l'industrie. Les deux premières sortes de lois sont d'un genre stable; les dernières sont sujettes