<24>vérole, sa Médecine pratique, et six volumes de Commentaires sur la Physiologie du sieur Boerhaave; tous ces ouvrages parurent à Paris, quoique l'auteur les eût composés à Saint-Malo. Il joignait à la théorie de son art une pratique toujours heureuse; ce qui n'est pas un petit éloge pour un médecin.
En 1742, M. La Mettrie vint, à Paris, attiré par la mort de M. Hunault, son ancien maître. Les sieurs Morand et Sidobre le placèrent auprès du duc de Grammont, et peu de jours après, ce seigneur lui obtint le brevet de médecin des gardes. Il accompagna ce duc à la guerre, et fut avec lui à la bataille de Dettingen, au siége de Fribourg, et à la bataille de Fontenoi, où il perdit son protecteur, qui y fut tué d'un coup de canon.
M. La Mettrie ressentit d'autant plus vivement cette perte, que ce fut en même temps l'écueil de sa fortune. Voici ce qui y donna lieu. Pendant la campagne de Fribourg, M. La Mettrie fut attaqué d'une fièvre chaude : une maladie est pour un philosophe une école de physique; il crut s'apercevoir que la faculté de penser n'était qu'une suite de l'organisation de la machine, et que le dérangement des ressorts influait considérablement sur cette partie de nous-mêmes que les métaphysiciens appellent l'âme. Rempli de ces idées pendant sa convalescence, il porta hardiment le flambeau de l'expérience dans les ténèbres de la métaphysique; il tenta d'expliquer, à l'aide de l'anatomie, la texture déliée de l'entendement, et il ne trouva que de la mécanique où d'autres avaient supposé une essence supérieure à la matière. Il fit imprimer ses conjectures philosophiques sous le titre d'Histoire naturelle de l'âme. L'aumônier du régiment sonna le tocsin contre lui, et d'abord tous les dévots crièrent.
Le vulgaire des ecclésiastiques est comme Don Quichotte, qui trouvait des aventures merveilleuses dans des événements ordinaires; ou comme ce fameux militairea qui, trop rempli de son système, trouvait des colonnes dans tous les livres qu'il lisait. La plupart des prêtres examinent tous les ouvrages de littérature comme si c'étaient des traités de théologie; remplis de ce seul
a Le chevalier Folard. Voyez t. I, p. 184. En 1753, Frédéric fit imprimer un Extrait tiré des Commentaires du chevalier Folard sur l'Histoire de Polybe, pour l'usage d'un officier; avec un avant-propos.