<35>celui qu'ils ont pour la peinture, l'art étant poussé à sa perfection par les Bouchardon, les Adam, les Pigalle, etc. De tous les bâtiments de France deux seuls lui paraissaient d'une architecture classique, à savoir : la façade du Louvre par Perrault, et celle de Versailles qui donne sur le jardin. Il donnait la préférence aux Italiens pour l'architecture extérieure, et aux Français pour la distribution, la commodité et les ornements des appartements. En quittant la France, il passa par la Flandre, où, comme on s'en doute bien, les ouvrages des van Dyk, des Rubens et des Wouwermann ne lui échappèrent pas.
Arrivé à Berlin, le Roi le chargea de la construction de la maison d'opéra, un des édifices les plus beaux et les plus réguliers qui ornent cette capitale. La façade en est imitée, et non pas copiée, d'après celle du Panthéon; et dans l'intérieur, le rapport heureux des proportions rend ce vase sonore, quelle que soit son immensité. M. de Knobelsdorff fut occupé ensuite à bâtir la nouvelle aile du palais de Charlottenbourg, dont les amateurs approuvent la beauté du vestibule et de l'escalier, la noblesse du salon, et l'élégance de la galerie. Il eut occasion d'exercer ses talents à la décoration du péristyle nouveau du château de Potsdam, à l'escalier de marbre, et au salon où est représentée l'apothéose du Grand Électeur. Le salon de Sans-Souci qui imite l'intérieur du Panthéon, fut exécuté d'après ses dessins, de même que la grotte et la colonnade de marbre qui se trouvent dans les jardins de ce palais. Outre les édifices dont je viens de parler, une infinité de maisons particulières, tant à Berlin qu'à Potsdam, entre autres, le château de Dessau, ont été bâties d'après les dessins qu'il en a donnés.
Un homme qui possédait tant de talents, fut revendiqué par l'Académie royale des sciences, à son renouvellement, et M. de Knobelsdorff en devint membre honoraire. Qu'on ne s'étonne pas de voir un peintre, grand architecte, placé entre des astronomes, des géomètres, des physiciens et des poëtes. Les arts et les sciences sont des jumeaux qui ont le génie pour père commun; ils tiennent les uns aux autres par des liens naturels et inséparables. La peinture exige une connaissance parfaite de la mythologie et de l'histoire; elle conduit à l'étude de l'anatomie, pour