<XV>peu de temps après sa publication; le pape Clément XIV le mit à l'index le 1er mars 1770, et l'Abrégé est encore au nombre des livres prohibés à Rome. Il résulte des lettres que le Roi écrivit alors à Voltaire et à d'Alembert, et de celles que ces deux hommes célèbres échangèrent entre eux, que cet Abrégé fut livré à l'impression par le Roi lui-même, et qu'il y mit un avant-propos. Dantal, dans Les délassements littéraires, dit, à la page 47 : « C'est pour sa propre commodité que le Roi chercha à se procurer par la voie de l'impression une édition portative de la Logique et de la Métaphysique de Bayle, et qu'il avait fait un Extrait du Dictionnaire de Bayle, ainsi que de l'Histoire ecclésiastique de Fleury. » On a prétendu que le corps de l'Abrégé de Fleury était de l'abbé de Prades, lecteur de Frédéric, disgracié et emprisonné à Magdebourg en 1757. Les autorités sur lesquelles se fonde cette opinion sont : Voltaire, dans sa lettre à M. de Villevieille, du 18 juillet 1766; le journal allemand intitulé, Allgemeine Deutsche Bibliothek. Berlin, 1790, t. XCII, p. 206; et l'abbé Denina, dans La Prusse littéraire. A Berlin, 1791, t. III, p. 167. Ce qu'il y a de certain, c'est que le Roi étudia à fond le grand ouvrage de Fleury pendant le siége de Schweidnitz, en 1762; on peut s'en assurer en lisant sa correspondance avec M. de Catt et avec le marquis d'Argens, ainsi que ses Six Épîtres en vers sur l'histoire ecclésiastique.
Les archives du Cabinet ne possèdent le manuscrit original d'aucune des douze pièces ci-dessus mentionnées; nous savons seulement, par les Souvenirs de Thiébault (t. I, p. 100 et 107 de la dernière édition, publiée en 1827 par son fils, le baron Thiébault), que le manuscrit de l'Éloge de Voltaire et la copie du discours De l'utilité des sciences et des arts dans un État, tous deux corrigés de la main de Frédéric, sont conservés à Paris par les descendants de l'auteur. L'autographe des Réflexions sur les talents militaires de Charles XII, roi de Suède, avec les changements et les corrections interlinéaires de la main du Roi, fait partie des collections du Musée britannique de Londres. On nous en a communiqué une copie fidèle, tout à fait conforme à l'édition de 1760, à quelques améliorations près. Dans le manuscrit de Londres se trouve aussi l'erreur que le Roi a commise en écrivant « Varnitza » pour « Worskla, » p. 93 et 95 de notre édition.