<15>événements qui leur sont antérieurs, il faut aussi que tout fait politique soit la suite d'un fait politique qui l'a précédé, et qui a, pour ainsi dire, préparé sa naissance. Appliquons-nous selon ce système à découvrir dans les événements récents, et dans les vastes projets des cours de Vienne et de Versailles, ce que l'union étroite des deux plus puissants princes de l'Europe semble nous préparer.
Il est évident que les vues de la cour impériale tendent à rendre l'Empire héréditaire dans la maison d'Autriche. C'est à cette fin qu'elle a fait la pragmatique sanction, qu'elle a sollicité tous les princes d'Allemagne, qu'elle a inséré un article dans la pacification, et qu'elle a fait une infinité de traités particuliers; tant il est vrai que la maison d'Autriche souhaiterait d'ôter avec le temps à l'Empire le droit d'élection, de cimenter la puissance arbitraire dans sa race, et de changer en monarchique le gouvernement démocratique qui de temps immémorial a été celui de l'Allemagne. Comme le système du ministère impérial est assez simple, il n'est point difficile de l'exposer au jour; mais celui de la cour de Versailles est plus composé, et il exigera de nous plus d'étendue et plus de détail.
Le principe permanent des princes est de s'agrandir autant que leur pouvoir le leur permet; et quoique cet agrandissement soit sujet à des modifications différentes et variées à l'infini, ou selon la situation des États, ou selon la force des voisins, ou selon que les conjonctures sont heureuses, le principe n'en est pas moins invariable, et les princes ne s'en départent jamais; il y va de leur prétendue gloire; en un mot, il faut qu'ils s'agrandissent.
La France est bornée à l'occident par les monts Pyrénées, qui la séparent de l'Espagne, et qui forment une espèce de barrière que la nature même a posée. L'Océan sert de bornes au côté septentrional de la France, la mer Méditerranée et les Alpes au midi; mais du côté de l'orient elle n'a d'autres limites que celles de sa modération et de sa justice. L'Alsace et la Lorraine, démembrées de l'Empire, ont reculé les bornes de la domination de la France jusqu'au Rhin. Il serait à souhaiter que le Rhin pût continuer à faire la lisière de leur monarchie. Pour cet effet, il se trouve un petit duché de Luxembourg à envahir, un petit électorat de Trèves