<20>que dépendantes de celles-là. Si Philippe avait attaqué cette ligue entière, il aurait trouvé des ennemis redoutables, qui non seulement lui auraient résisté, mais qui même auraient pu faire de ses propres États le théâtre de la guerre. Que fit la politique de ce prince pour vaincre cette république? Elle sema la dissension et la jalousie parmi ces petites villes alliées, elle cimenta leur désunion, elle corrompit les orateurs, elle prit le parti des plus faibles pour les soutenir contre les plus puissants, et, ceux-ci abattus, les autres furent bientôt à sa discrétion.
Que fait la politique de la France pour parvenir à la monarchie universelle? Ne voyez-vous pas avec quelle finesse elle sème la division parmi les princes de l'Empire, son adresse à gagner l'amitié des souverains dont elle a le plus de besoin, comme elle sait artifieusement soutenir les intérêts des petits princes contre les plus puissants? Admirez le tour qu'elle a pris pour saper le pouvoir des puissances maritimes, son habileté à les intimider à propos, sa souplesse à les amuser de bagatelles tandis qu'elle frappe les grands coups. Qu'on voie en même temps la plupart des princes de l'Europe aussi insensés que les Grecs, qui, plongés dans une sécurité léthargique, négligèrent de se réunir avec leurs voisins pour prévenir un malheur certain et leur ruine infaillible.
Jetez encore un moment les yeux sur l'artifice des Français, qui amusent les puissances du Nord par des subsides, afin de laisser ceux qu'ils n'ont point gagnés comme abandonnés à leurs propres ressources, et jugez si ce ne sont pas les suites d'une politique semblable à celle de Philippe de Macédoine. Qu'on me permette de pousser cette comparaison plus loin. On verra que l'histoire de Philippe fournit plus d'un événement conforme à ceux de nos jours et digne de la politique de Versailles.
Ce roi de Macédoine avait déjà gagné les Thébains, les Olynthiens et les Messéniens; il réduisit ensuite les Athéniens, affaiblis et peu en état de lui résister, à lui céder les villes d'Amphipolis et de Potidée, qui lui servirent de barrières. Ayant aussi la Phocide et les Thermopyles, il tenait comme la clef de la Grèce, et il lui était facile de l'attaquer toutes les fois qu'il le jugeait convenable à ses intérêts.