<299>s'offenser de la liberté avec laquelle je leur parle; mon but est de rendre un hommage sincère à la vérité, et de ne flatter personne. La bonne opinion que j'ai des princes qui règnent à présent dans le monde me les a fait juger dignes d'entendre la vérité. C'est aux Tibère, aux Borgia, aux monstres, aux tyrans, qu'il faut la cacher, puisqu'elle choquerait trop directement leurs crimes et leur scélératesse. Grâces au ciel, nous ne comptons aucun monstre parmi les souverains de l'Europe; mais nous savons, comme eux, qu'ils ne sont point au-dessus des faiblesses humaines; et c'est faire leur plus bel éloge que de dire qu'on ose hardiment blâmer devant eux tous les crimes des rois, et tout ce qui est contraire à la justice et aux sentiments de l'humanité.