<114>s'arrêter à aucun scrupule. En effet, la situation est telle qu'il faut qu'il se soutienne à tout prix, et même qu'il aille en avant, ou qu'il périsse. Au moindre pas qu'il ferait en arrière, il essuyerait, à coup sûr, une catastrophe des plus funestes. La haine de la nation étant portée au comble par cette dernière entreprise, elle ne se bornerait sûrement pas à le dépouiller et à le renvoyer en Courlande, en cas qu'elle en fût la maîtresse.

Ainsi, le sort du Duc étant encore incertain, vous vous observerez, avec un soin extrême, pour ne lui pas déplaire et pour ne pas perdre sa confiance, d'autant que je suis informé qu'il est naturellement soupçonneux et qu'il prend facilement ombrage, ce qui ne pourrait manquer de faire beaucoup de tort à mes affaires, en cas qu'il vienne à bout de ses desseins. Que cela ne vous empêche pourtant pas de ménager avec beaucoup d'attention les principaux parmi les factions contraires, afin que, quoi qu'il en arrive, je conserve toujours dans le parti dominant des gens qui soientaffectionnés à mes intérêts.

Vous vous appliquerez surtout à approfondir les menées et intrigues secrètes qui se font de part et d'autre, et les véritables dispositions où se trouvent, tant à l'égard du duc de Courlande qu'à celui de Brunswick et de son épouse, ainsi qu'à la princesse Élisabeth, les comtes d'Ostermann et de Lœwenwolde, et le reste de ceux qui ont eu quelque crédit sous le règne précédent, aussi bien que les généraux Uschakow et Soltikow, qu'on dit être fort accrédités parmi les gardes, et vous m'informerez exactement et à chaque ordinaire de tout ce que vous pouvez en découvrir.

Vous ne négligerez non plus d'être attentif à cequi se passe dans l'intérieur du pays, et s'il s'y fait des mouvements en faveur de l'une ou l'autre princesse. En cas que ce fût pour la princesse Élisabeth, le prince de Hombourg, aimé qu'il est des troupes, y pourrait jouer un grand rôle, qui le serait bien davantage, s'il n'était pas marié.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.


172. AN DEN ETATSMINISTER VON PODEWILS IN BERLIN.

Podewils berichtet, Berlin 25. November: „Les ministres de France qui sont ici continuent d'être extrêmement intrigués sur la véritable destination des armements de Votre Majesté. Quoiqu'ils croient assez généralement que cela vise la Silésie, ils ne sont pourtant pas sans inquiétude pour le pays de Juliers et de Bergue. On m'a assuré que le marquis de Beauveau a été s'informer l'autre jour chez Brackel de ce qu'il croyait de tous

Tout cela est bon, Brackel parle sans ordre, et assure ce qu'il ne sait pas, Beauveau n'apprendra rien que lorsqu'il en sera temps, et nous réussirons malgré les jaloux et les ambitieux.

Fr.