<122>succomber sous les efforts de ceux qui font ouvertement des prétentions sur la succession, ou qui méditent en secret d'en arracher une partie; et comme par la situation de mes États je me trouve le plus intéressé à en empêcher les suites et à prévenir surtout ceux qui pourraient avoir formé le dessein de s'emparer de la Silésie, qui fait la sûreté et la barrière de mes provinces limitrophes, je n'ai pu me dispenser de faire entrer mes troupes dans ce duché, pour empêcher que d'autres, dans les conjonctures présentes, ne s'en emparent à mon grand préjudice et à celui des droits incontestables que ma maison a eus de tout temps sur la plus grande partie de ce pays-là, comme je ne manquerai pas de le manifester en temps et lieu.
Mon intention en cela n'a d'autre but que la conservation et le véritable bien de la maison d'Autriche.
Je me suis même expliqué sur cela par mon ministre à la cour de Vienne d'une manière que, si elle entend ses véritables intérêts, elle ne balancera pas un moment à y donner les mains.
Pour cet effet-là, je suis prêt d'entrer avec Votre Majesté, la cour de Vienne, la Russie, et les États-Généraux, dans toutes les mesures qu'on pourra trouver convenables, et dans une alliance des plus étroites, pour maintenir l'équilibre de l'Europe, conserver le système de l'Empire, garantir les États de la maison d'Autriche en Allemagne contre qui-conque voudra les envahir, et faire tomber l'élection d'un empereur sur la tête du duc de Lorraine, pour rétablir l'ancien système.
Mais comme j'ai des avis certains, à n'en pouvoir douter, que la cour de Vienne, conseillée par des gens qui jusqu'ici se sont portés à toutes les extrémités les plus fâcheuses, est prête à se jeter entre les bras de la France, pour renverser ce qui pourrait rester encore d'espérance de sauver l'Empire et la liberté de l'Europe, j'ai cru qu'il ne fallait point perdre le temps en négociations inutiles, mais se servir des moyens les plus efficaces pour déterminer l'irrésolution de cette cour, et pour l'obliger bon gré mal gré de prendre un parti convenable au bien de l'Europe, au sien propre et aux intérêts de la religion protestante, aussi bien qu'à ceux de Votre Majesté et de la république de Hollande.
Ce parti ne saurait être, selon moi, que celui que je viens d'indiquer ci-dessus à Votre Majesté, et pour y parvenir plus facilement, j'ai pressé les États-Généraux de se mettre, le plus tôt qu'il se pourra, en bonne position de défense, par une augmentation considérable de leurs forces de mer et de terre.
Moyennant quoi et les liaisons étroites entre Votre Majesté, moi, la cour de Vienne, celle de Russie, et la République, dans lesquelles il serait bon aussi de faire entrer le roi de Danemark, nous pourrions, à ce qu'il me semble, nous mettre à l'abri de toute insulte, et maintenir la paix et l'équilibre de l'Europe.
Mais comme les plus grands efforts, surtout pour ce qui regarde l'Allemagne et la maison d'Autriche, tomberont sur moi, je me persuade