<132>à se prêter au plan que j'ai fait proposer par l'envoyé de Borcke; que mes intentions sont bonnes et sincères, qu'elles tendent à sauver la maison d'Autriche de la ruine totale dont elle était menacée, à écarter tous les rivaux qui paraissent aspirer à la couronne impériale, et à la faire tomber en partage au duc de Lorraine, en lui garantissant en même temps la possession tranquille de tous les États de la Reine son épouse en Allemagne. Mais, comme cela ne se peut faire sans que je m'expose, moi, mes États et mes forces, à de très grands hasards, et à des risques qui me pourraient coûter cher, surtout la France paraissant déterminée de favoriser non seulement les prétentions de la maison de Bavière sur la succession de feu l'Empereur, quelque grimace qu'elle fasse à présent de ses idées pacifiques, mais que cette couronne s'est ouverte assez confidemment envers moi déjà de vouloir aider de toutes ses forces et de tout son crédit à faire élire l'électeur de Bavière empereur; qu'elle se fait fort d'intimider tellement les électeurs de Mayence et de Trèves qu'ils seraient obligés de donner aussi leurs voix à l'électeur de Bavière; que d'un autre côté la Saxe témoigne aussi secrètement avoir envie d'en vouloir non seulement à la dignité impériale, mais même à la Bohême; qu'on m'a déjà fait sonder là-dessus, et qu'il ne tient qu'à moi d'entrer dans un plan qui ne va pas à moins qu'à dépouiller la maison d'Autriche de ses plus belles provinces en Allemagne et de la frustrer pour jamais de la dignité impériale
Que je suis prêt d'employer toutes mes forces et tout mon crédit pour faire avoir la dernière au duc de Lorraine, et garantir les États de la maison d'Autriche en Allemagne contra quoscunque; mais qu'il me faut une récompense proportionnée pour le grand service que je rendrais par là à la cour de Vienne et surtout au duc de Lorraine; que je courrais grand risque de m'attirer par là tellement la colère de la France que cela me coûterait la succession de Juliers et de Bergue, dont sans cela, par l'assistance de cette couronne, je suis en quelque façon assuré;
Qu'il serait impardonable à moi de hasarder une si belle succession pour l'amour d'autrui, sans savoir comment et où m'en dédommager;
Que cela ne saurait être que par la Silésie, sur la plus grande partie de laquelle ma maison a eu de tout temps des prétentions bien fondées, ainsi que je le ferai voir par des déductions qui paraîtront bientôt; que les Rois mes prédécesseurs n'ont pu renoncer au préjudice de leur postérité à des droits si bien acquis, les lois fondamentales de ma maison défendant à l'infini toute aliénation de pareils droits;
Que défunt l'Empereur avait par un traité garanti Bergue ou un équivalent; que j'avais rempli mon traité mais qu'ils m'ont été contraires, et qu'ainsi en entrant en Silésie, ce me peut être comme