<163>plus librement, et même tâcher à se prêter de part et d'autre à des idées réciproques pour moyenner un accommodement, que quand on est obligé de traiter avec le souverain même, qui souvent, faute de connaissance suffisante, ou par trop de vivacité, se laisse aller à des emportements qui ne valent rien dans des choses aussi sérieuses que celle-ci.

Si on avait donc jugé à propos de vous écouter l'un et l'autre, avec un sang plus rassis et avec moins de prévention, on aurait trouvé qu'il s'agit de deux objets différents, mais également importants.

Le premier est la juste poursuite de mes droits sur une grande partie de la Silésie.

Je ne veux pas entrer à présent dans un grand détail des fondements de mes prétentions J'en instruirai le public par une ample déduction,1 qui paraîtra incessamment, et dont je vous enverrai des exemplaires, si vous restez encore assez longtemps à Vienne pour les y recevoir.

Je me souviens fort bien de la teneur du traité de 1686, par lequel on a voulu traiter sur ces droits. Il est certain que j'aurais été fort embarrassé de les réclamer à l'heure qu'il est, avec autant de force et d'évidence que je le puis faire à présent, si la cour de Vienne avait agi alors avec la probité et la bonne foi requises entre des puissances qui veulent, tant soit peu, en sauverau moins les apparences.

Mais la manière indigne dont on s'y est pris alors fait assez voir que tout ce traité n'a été, pour ainsi dire, qu'un contrat simulé, puisque, par une supercherie inouie jusqu'alors entre de grands princes, on extorqua secrètement au fils ce qu'on avait cédé en public au père.

On sentait dès ce temps-là qu'il fallait nécessairement donner un équivalent à ma maison pour ses prétentions en Silésie, et on lui en donna un qui, à la vérité, portait avec lui une lésion des plus énormes; c'est-à-dire qu'on stipula à feu l'électeur Frédéric-Guillaume, pour la renonciation à plusieurs duchés et principautés en Silésie, un seulcercle, qui était celui de Schwiebus; mais non content de cela, pour en frustrer sa postérité, on extorqua en même temps de son fils, feu le Roi mon grand-père, alors prince électoral, un revers de rendre tout, jusqu'à ce mince équivalent, dès que son auguste père aurait fermé les yeux.

Je laisse à considérer à toute l'Europe siune manœuvre aussi indigne ne révolte pas tout homme de probité et de bon sens contre un pareil procédé, et si, un équivalent rendu en faveur duquel on a fait une renonciation, la dernière peut jamais subsister en droit et en justice.

Le reste de cette trame d'iniquité se trouve détaillé, d'une manière assez claire, dans la déduction susmentionnée, à laquelle je vous renvoie.



1 „Rechtsgegründetes Eigenthum“ etc., siehe Preussische Staatsschriften I, 96 ff.