Autrefois, j'étais sans alliance, et j'ai agi sans m'ouvrir à personne. A présent, j'ai des alliés, et je veux les informer de tous mes desseins, pour agir de concert avec eux. Vous saurez donc, Monsieur, que je me suis mis en possession de toute la Silésie, et que depuis mes États jusqu'à la Jablunka, il n'y a plus de troupes de la reine de Hongrie que celles qui se trouvent dans deux misérables bicoques, où leurs généraux les ont jetées imprudemment.
Je reviens aujourd'hui des frontières de Moravie, où j'ai forcé M. de Browne d'entrer. Son corps ne consistait qu'en trois mille hommes, et il n'y a eu que ma modération qui m'a empêché de le poursuivre en Moravie et le pousser, si j'avais voulu, jusqu'à Vienne, mais je né prétends point détruire la maison d'Autriche, et je ne veux simplement que soutenir mes droits incontestables sur une partie de la Silésie. J'espère que, si la cour de Vienne veut avoir égard aux conseils et à la médiation dont vous voudriez bien vous charger, ils auront égard à mes droits, et qu'ils me mettront par là en état d'employer pour leur service les mêmes armes qu'ils m'obligeront, s'ils ne font attention à mes droits, de tourner, malgré que j'en aie, contre eux. L'on verra par toute ma conduite que je ne prétends rien d'irraisonnable, mais que, si l'on me pousse à bout à Vienne, je serai forcé de défendre mes droits avec vigueur, et de ne plus garder de ménagement avec eux.
Vous voyez que je vous ouvre mon cœur avec toute la sincérité possible. C'est sur ce pied que j'en agirai toujours envers vous, et que vous et votre maître me trouveront dans toutes les occasions. Je suis avec la plus parfaite estime et considération, mon cher Maréchal, votre très fidèle ami
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Die Ausfertigung eigenhändig.
275. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.
Berlin, 2 février 1741.
Monsieur de Podewils. Vous verrez par la copie ci-jointe ce que j'ai répondu préalablement au de Mardefeld.1 Il m'a paru nécessaire d'avertir le feld-maréchal comte de Münnich de la tentative que je fais faire par le de Keller, pour empêcher la cour de Vienne d'en faire un mauvais usage. Au reste, comme vous avez vu par les dépêches de Klinggraeffen l'ardeur avec laquelle la cour de Bavière presse notre concert, ce qui me semble contraire à la situation présente, vous empêcherez le susdit envoyé d'entrer plus avant dans cette affaire, en amusant toujours le tapis, sans me commetre aucunement. Je suis etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
1 Enthält Freundschaftsversicherungen für die einflussreichen Personen am russischen Hofe und eine Mittheilung über die Sendung Keller's nach Wien.