<419>d'ailleurs la situation de nos États est telle que par leur éloignement nous nous trouvons l'un et l'autre hors de portée de pouvoir satisfaire aux engagements qu'une garantie réciproque exige, vous sentez bien vous-même qu'elle ne saurait avoir lieu dans toute l'étendue queles conjonctures présentes pourraient demander.
Mais cela n'empêchera jamais que je ne me fasse un véritable plaisir et étude de contribuer, en tout ce qui dépendra de moi, à la gloire et à la satisfaction de Sa Majesté Catholique, aussi bien qu'à l'agrandissement de sa maison royale, et, si vous croyez qu'un simple traité d'amitié entre nos deux couronnes pourrait servir à cette fin, je m'y prêterai volontiers.
Je suis avec bien de l'estime, Monsieur le Comte de Montijo, votre très affectionné ami
Federic.
Nach dem Concept.
610. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.
Berlin, 3 décembre 1741.
Monsieur mon Cousin. Vos lettres ne m'importunent jamais; au contraire, elles me font un très grand plaisir, et je suis ravi de puiser des lumières dans la correspondance d'un grand homme, dont l'expérience et la sagesse sont reconnues de toute la terre, et dont l'âge ne diminue en rien la force de l'esprit, du génie, et de l'exécution.
J'ai lu avec beaucoup d'attention le mémoire, Monsieur, que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et je dois vous rendre justice que votre conduite à l'égard de l'Espagne et de vos autres alliés a été irréprochable dans la dernière guerre. Vous pouvez aussi être persuadé qu'il ne règne dans mon cœur aucune méfiance contre le Roi votre maître, et que ce ne sera pas moi qui donnerai lieu à l'altération de l'union étroite qui règne entre nos cours. Pour démentir d'une façon authentique et sans équivoque les bruits que les Autrichiens avaient répandus dans le monde de notre accommodement, j'ai écrit à l'électeur de Mayence une lettre pathétique et pressante pour accélérer l'élection de l'électeur de Bavière.
J'ai parlé à M. de Valory des mesures que je croyais qu'il serait nécessaire de prendre pour la gloire du Roi de France et pour le repos de l'Allemagne, contre les mauvais desseins du roi d'Angleterre. J'ai minuté une déclaration, que je crois qu'il sera d'une nécessité absolue de faire faire à ce prince par nos envoyés à sa cour pour déraciner ce reste de mauvaise volonté impuissante avec laquelle il cabale en Europe, et pour lui ôter une bonne fois l'envie et les moyens de s'opposer aux arrangements que le roi de France a pris avec ses alliés. Il y a actuellement quelques-unes de mes troupes sous les ordres de l'Électeur, et je me prépare à ouvrir au printemps prochain la campagne à la tête