139. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.
Rheinsberg, 6 novembre 1740.
Mon cher Podewils. Je vous envoie un écrit, auquel je vous prie de faire des oppositions avec toute la liberté possible. Vous aurez vu par la relation de Borcke que la Bavière veut en découdre pour moi;1 je crois être fortifié par là dans mes projets: enfin je ne crois presque plus rien voir qui puisse m'arrêter. Donnez-moi, je vous prie, prompte réponse.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
140. IDÉES SUR LES PROJETS POLITIQUES A FORMER AU SUJET DE LA MORT DE L'EMPEREUR.
La Silésie est de toute la succession impériale le morceau sur lequel nous avons le plus de droit, et qui convient le mieux à la maison de Brandebourg; ilest juste de maintenir ses droits, et de saisir l'occasion de la mort de l'Empereur pour s'en mettre en possession.
La supériorité de nos troupes sur celle de nos voisins, la promptitude avec laquelle nous les pouvons faire agir, et en gros l'avantage que nous avons sur nos voisins, est entier, et nous donne, dans uneoccasion imprévue comme celle-ci, une supériorité infinie sur toutes les autres puissances de l'Europe. Si nous voulons attendre pour agir que la Saxe et la Bavière fassent les premières hostilités, nous ne saurions empêcher la Saxe de s'agrandir, ce qui est cependant entièrement contraire à nos intérêts, et nous n'avons, en ce cas, aucun bon prétexte. Mais si nous agissons à présent, nous tenons la Saxe dans l'abaissement, et l'empêchant d'avoir les chevaux de remonte, nous la mettonshors d'état de pouvoir rien entreprendre.
L'Angleterre et la France sont brouillées; si la France se mêle des affaires de l'Empire, l'Angleterre ne le pourra jamais souffrir, et de cette façon, les deux parties opposées m'offriront toujours une bonne alliance. L'Angleterre ne saurait être jalouse de mon acquisition de la Silésie, puisque cela ne lui saurait faire du mal, et qu'au contraire elle s'en peut attendre des avantages dans la situation présente de ses affaires, qui exigent des alliances.
La Hollande le regardera d'un œil indifférent, et cela d'autant plus qu'on garantit aux négociants d'Amsterdam les capitaux qu'ils ont prêtés sur la Silésie.
Si l'on ne trouve pas son compte avec l'Angleterre et la Hollande, on le trouvera sûrement avec la France, qui d'ailleurs ne saurait traverser
1 Am 27. Oct. machte der bairische Gesandte Graf Perusa die Erbansprüche Baierns in Wien geltend.