218. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Herrndorf, 22 décembre 1740.

Mon cher Podewils. J'ai bien reçu vos relations, et autant que j'en puis juger d'ici, vous êtes très bien au fait des sentiments des cours étrangères; il faudra voir (ce qui s'éclaircira dans peu) lequel nous aura, et en ce cas il faut choisir celui d'eux qui nous est le plus favorable et le moins suspecte. La France et l'Angleterre seraient bonnes à ménager toutes les deux, mais en cas que faire ne se peut, il faudrait choisir la moins jalouse de notre agrandissement. Favoriser Bavière dans son agrandissement et dans la dignité impériale, et sacrifier Bergue, c'est gagner France; lâcher la Frise et quelques bailliages de Méklembourg, ce serait pour avoir les suffrages d'Angleterre; laisser agir Russie sur Courlande, ce serait peut-être aussi la gagner; laisser agir Saxe en Bohême ne manquerait pas de nous les concilier; enfin, que les intérêts de nos voisins marchent de pair avec les nôtres, et ne craignons pas de rater.

Adieu mon cher ami, je suis las, et demain je vous reconnaîtrai la place de Glogau. Vale.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.

<154>