268. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Quartier général Ottmachau, 22 janvier 1741.

Monsieur de Podewils. J'ai bien reçu votre mémoire du 19 de ce mois, et les dépêches projetées pour mes ministres aux cours de Londres et de Pétersbourg, par rapport à la base de l'accommodement à faire avec la cour de Vienne. Mais quoique je vous eusse fait connaître les termes de mon ultimatum, il ne faudra pas si tôt manifester que je me contenterais de la Basse-Silésie inclusivement la ville de Breslau, moyennant un équivalent raisonnable en argent. Ce sont des articles secrets qu'il convient de réserver pour la négociation, quand elle sera commencée, et quand on nous disputera le terrain; et ce sera alors le temps propre de relâcher peu à peu quelque chose de nos <183>prétentions, et d'offrir un équivalent. Mais à l'heure qu'il est, où nous ne savons pas même si l'on acceptera la médiation, il me paraît nécessaire d'insister simplement sur la cession de la Silésie, en faisant valoir ma bonne intention pour la paix et la conservation de la maison d'Autriche et le bien du duc de Lorraine, s'ils voulaient se prêter à cette condition pour me contenter sur mes justes prétentions. Vous ferez donc changer les susmentionnées dépêches suivant ces idées, et comme les duplicata sont déjà partis, il faudra défendre à mes ministres d'en faire usage et leur enjoindre d'attendre les nouveaux ordres, sans en faire rien connaître avant qu'ils les eussent reçus. Quant à la France, je suis de votre avis qu'il faudra lui cacher cette affaire quelque temps, et l'excuser après par des raisons spécieuses, sans faire paraître trop de crainte. Il suffira de témoigner combien je suis charmé des offres de cette couronne, dont l'amitié me sera toujours d'un grand prix; mais qu'elle ferait réflexion sur le peu de forces de la Bavière, et sur le risque qu'il y aurait de s'engager avec celle-ci, si la France ne l'assistait vigoureusement, avec de l'argent et des troupes, et la porterait à des entreprises convenables aux conjonctures présentes; que dès que je verrais l'Electeur sur ce pied, je ne manquerais pas d'entrer dans un engagement étroit avec la France sur ses intérêts, ce que je ne saurais faire autrement, sans m'exposer mal à propos et à l'aventure, vu les circonstances du temps et les forces de la Russie et de ses alliés. Pour ce qui est du nouveau traité d'alliance avec la Russie, comme ce n'est qu'un renouvellement de l'ancienne, les excuses ne nous manqueront point. Je suis etc.

Federic.

Vous ferez bien de rectifier aussi l'instruction du de Keller, par rapport à l'ultimatum.

Vous vous pressez trop et vous prenez peur au moindre discours qu'on vous fait. Agissez plus hardiment, et ne vous jetez pas à la tête des autres. Voyons-les venir, et en attendant, tirons d'eux ce que nous pourrons.

Fr.

Nach der Ausfertigung. Der zweite Zusatz eigenhändig.