371. AU CONSEILLER HOFFMANN A VARSOVIE.

Breslau, 10 mai 1741.

J'ai vu avec beaucoup de satisfaction, par votre rapport en date du 29 avril dernier, les propositions qui vous ont été faites par les bien intentionnés parmi les Polonais, touchant la confédération que l'on prétend faire dans ce royaume, tant pour barrer les desseins de la cour contre le système présent de la République, que pour empêcher les Russes de passer au travers de la Pologne, en cas qu'ils voulussent attaquer mes États, ou aller au secours de la reine de Hongrie.

Bien qu'on ne puisse pas pour l'ordinaire compter infiniment sur des offres de cette nature, tant à cause de la légèreté de la nation polonaise, qu'à raison desdifficultés qui se rencontreront dans l'exécution d'un pareil projet, la chose ne me paraît pourtant pas à négliger, et je serais bien aise qu'on pût entretenir constamment dans ces idées ceux qui vous ont fait les propositions susmentionnées, ne fût-ce que pour les opposer aux partisans de la maison d'Autriche, que la cour de Dresde, appuyée peut-être de celle de Pétersbourg, ne manquera apparemment pas d'animer sous main à porter la République à des démarches préjudiciables à mesintérêts.

Je souhaiterais néanmoins par plusieurs raisons d'aller bride en main, et de ne pas m'engager trop avec eux, avant que je sois bien assuré qu'il sont en état de remplir leurs promesses, et qu'ils en ont véritablement la volonté. Pour cet effet, il sera absolument nécessaire que je sois informé plus particulièrement desmesures qu'ils voudront prendre pour exécuter le plan projeté, et qui sont les principaux chefs qui doivent concourir à cette entreprise, ceux que vous m'avez nommés ne suffisant pas pour la faire réussir, et pour former une confédération assez puissante pour résister au parti de la cour, surtout si ceux de la Russie et de la maison d'Autriche venaient y joindre leurs forces et leur crédit.

En attendant que je reçoive les éclaircissements requis sur ces points, et que je puisse porter un jugement solide sur la réussite du <244>plan susdit, il suffira que vous tâchiez de tenir en haleine le parti républicain, en lui renouvelant les protestations de mes intentions sincères pour le bien et la conservation de la République; que je n'épargnerai rien pour en maintenir la liberté et le système présent, en favorisant d'abord sous main les mesures qu'ils jugeraient à propos de prendre pour cet effet, et en les appuyant ensuite, s'il était besoin, de toutes mes forces, autant que les conjonctures voudraient me le permettre; mais que, comme il m'importe de savoir quels efforts ils sont en état de faire pour parvenir au but qu'ils se proposent, et quelle sorte d'assistance ils demandent de moi, il faut qui'ls me donnent des informations plus amples et plus détaillées sur l'un et l'autre point, ensuite de quoi je ne manquerai pas de m'expliquer là-dessus d'une manière qu'ils auront lieu d'en être entièrement satisfaits.

Ce dernier articlevous fournira, j'espère, un moyen aisé et naturel de tirer la négociation en longueur, sans rebuter les intéressés, et sans m'engager envers eux à rien dont je ne puisse aisément revenir, en cas que les conjonctures l'exigent, à quoi vous devez donner une attention tout particulière.

Vous pouvez même, si vous le jugez convenableà mes intérêts, et que d'autres affaires importantes ne demandent pas votre présence à Varsovie, faire sous quelque autre prétexte un petit voyage dans le pays, pour conférer avec les chefs du parti sur les moyens de faire réussir leur entreprise, et pour les entretenir dans les bonnes dispositions où ils paraissent être à mon égard: l'extraordinaire que je viens de vous accorder vous mettra suffisamment, en état de fournir aux fraix de ce voyage.

En cas que vous ayez besoin pour cet effet d'un plein-pouvoir particulier, je ne manquerai point de vous en pourvoir, et vous aurez soin de m'en envoyer le projet.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.