412. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.

Camp de Strehlen, 24 juin 1741.264-1

Monsieur mon Cousin. Je me croisobligé de vous faire souvenir que les points principaux sur lesquels se fonde l'alliance que je viens de <265>conclure avec le Roi votremaître, sont les assurances que vous m'avez fait faire par le maréchal de Belle-Isle d'engager la Suède d'agir avec force contre la Russie, de faire mettre à l'électeur de Bavière incessamment un corps de troupes de 20,000 hommes, en état d'opérer, et d'agir vous-même, avec un corps plus considérable encore, en Allemagne. J'espère, Monsieur, que vous n'oublierez aucun de ces points, qui sont essentiels au traité que nous venons de faire, et que vous concevrez mieux que je ne pourraisvous le dire la nécessité dans laquelle se trouve le roi de France de jouer dans le monde un rôle convenable à sa grandeur et à ses engagements. Ne pensez pas qu'il soit temps d'agir par ses alliés et d'attendre tranquillement les extrémités: il y a des moments dans la politique qui, s'ils nous échappent, ne se retrouvent jamais. Saisissez donc celui-ci, qui est des plus heureux pour immortaliser votre ministère et pour rendre la gloire et la puissance de la France respectable àjamais, mettez la dernière main à l'abaissement de la maison d'Autriche, et secondez avec vigueur et de toutes vos forces deux de vos fidèles et meilleurs alliés. Vous concevez, Monsieur, que les délais ou les lenteurs ne sont pas de saison dans ces occasions, et que la façon prompte de remplir ses engagements en rehausse infiniment le prix. Je serai inviolable dans mes engagements, autant que vous remplirez les vôtres, et je vous serai d'autant plus attaché que l'inclination me lieparticulièrement au Roi votre maître et à la nation française. Mon estime et mon amitié ne cesseront pour vous qu'avec la vie, étant à jamais, Monsieur mon Cousin, votre très fidèle ami

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.

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264-1 Ueber die Audienz, die der Marquis Valory am 24. Juni bei dem Könige hatte, liegt sein Bericht, Breslau 1. juli, vor: „Le roi de Prusse m'appela et je le suivis dans la tente où il couche. Il commença par me dire avec assez de véhémence qu'il
     avait différé de prendre des engagements avec le Roi pour en être d'autant plus religieux observateur; mais qu'ilm'avertissait que, si la Suède n'agissait pas incessamment contre les Russes, que l'électeur de Bavière ne fît pas très promptement une diversion et ne fût pas mis en état, de la part du Roi, d'agir avec supériorité, et que les troupes françaises ne fussent pas dans le mois prochain en état d'entrer en Allemagne et le suivant dans le cœur du pays, on ne devait pas plus compter sur lui que sur les feuilles de novembre; qu'il ne voulait se perdre et prolonger uneguerre qui par ses suites ne pourrait tendre qu'à sa ruine et à celle de l'Allemagne: il n'est plus question de porter des coups à la sourdine. Le véritable intérêt du Roi est d'accabler tout d'un coup cette maison d'Autriche et de lui porter en six mois de temps des coups qu'elle ne pourra point parer et dont elle ne pourra aussi jamais se relever: si vous laissez le temps aux ligues de se former, ce sera une guerre qui par sa longueur nous consommera plus d'hommes et plus d'argent sanscomparaison que celui que vous dépenseriez à présent. C'est à ce prix-là que le Roi votre maître peut compter sur un allié inébranlable. Une longue guerre ne peut me convenir“ (bei Ranke, XXVII. XXVIII, 590).