605. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE BELLE-ISLE A PRAGUE.
Berlin, 30 novembre 1741.
Mon cher Maréchal. Vous serez persuadé que la nouvelle de la glorieuse conquête de la ville de Prague m'a infiniment réjoui, et que c'est du meilleur cœur du monde que je vous félicite sur une entreprise si bien ménagée de votre part. Je suis persuadé qu'après ce coup de parti que vous venez de faire, vos troupes ne resteront en si beau chemin, et qu'après avoir passé la Moldau, elles tâcheront, par quelques marches d'avant, d'obliger l'ennemi de leur céder la plus grande partie de la Bohême et même la Moravie. Je viens de donner ordre au prince Léopold cas que vous le désiriez, il doive faire marche 115 escadrons de dragons et 10 escadrons de hussards, pour se joindre à vos troupes et pour marcher avec celles-ci en avant jusqu'aux confins de la Moravie, à condition néanmoins que mes dits escadrons tiennent toujours la gauche pendant cette marche, pour n'être point séparés ni coupés des confins de la Silésie, chose qui m'a tenu tant au cœur que jusqu'à présent je n'ai pas osé de faire avancer mes troupes qui sont en Bohême. J'espère aussi que, quand vous trouverez bon de faire retourner quelques-unes de vos troupes, la marche susdite faite, vous ferez en sorte que mes escadrons ne se replient alors autre part que sur les quartiers du prince Léopold.
Au reste, Monsieur, ma confiance est trop grande envers vous sour que je ne doive croire qu'on n'inquiètera plus mes troupes sur les quartiers <416>d'hiver qu'ils ont occupés en Bohême, et qu'on leur en laissera la paisible possession. Je suis avec la plus haute estime, mon cher Maréchal, votre très affectionné ami
Federic.
Nach dem Concept.